Volvo Cars abandonne son objectif de 100 % électrique d’ici 2030, optant désormais pour une transition plus progressive. Le constructeur suédois mise sur les hybrides rechargeables à longue autonomie, comme le nouveau XC70, pour répondre aux réalités du marché et aux hésitations des consommateurs. Une stratégie pragmatique qui confirme son leadership dans l’électrification, sans renoncer à l’ambition zéro émission à long terme.
À retenir
- Volvo revoit son objectif 2030 : 90 à 100 % de véhicules électrifiés (BEV + PHEV) au lieu de 100 % BEV, avec une marge pour les hybrides légers (MHEV).
- Le XC70, hybride rechargeable à autonomie électrique jusqu’à 180 km (WLTP), incarne cette stratégie de transition.
- Les freins identifiés : coût des BEV, infrastructure de recharge insuffisante, et tarifs douaniers sur les véhicules fabriqués en Chine.
- Un million de PHEV vendus depuis 2012, avec 23 % des ventes mondiales en 2025 – un rôle clé de « pont » vers l’électrique.
- L’engagement zéro émission nette d’ici 2040 est maintenu, malgré l’ajustement du calendrier.
La décision de Volvo Cars de moduler sa feuille de route électrique illustre un réalisme industriel face à un marché en mutation. Alors que les constructeurs européens accélèrent leurs plans pour répondre aux normes environnementales, la marque suédoise, détenue par le groupe chinois Geely, privilégie une approche graduelle et flexible. Ce choix reflète les défis persistants : l’écart de prix entre BEV et thermiques, les doutes des consommateurs sur l’autonomie, et les tensions commerciales qui pèsent sur les chaînes d’approvisionnement. Pour les acheteurs, cela se traduit par une offre élargie, combinant innovation et sobriété technologique.
Le revirement stratégique : pourquoi Volvo recule sur le 100 % électrique
En 2021, Volvo Cars annonçait un virage historique : 100 % de véhicules entièrement électriques (BEV) d’ici 2030. Trois ans plus tard, le constructeur revise ses ambitions. Désormais, 90 à 100 % de ses ventes mondiales devront être électrifiées – incluant les hybrides rechargeables (PHEV) et, dans une moindre mesure, les hybrides légers (MHEV). Ce changement, officialisé en septembre 2024, s’appuie sur une analyse fine des dynamiques marché et des contraintes externes.
Une adoption plus lente que prévu
Les chiffres expliquent en partie ce revirement. Bien que Volvo affiche une part de marché de 26 % dans le segment BEV premium au deuxième trimestre 2024, les véhicules électrifiés (BEV + PHEV) ne représentaient que 48 % de ses ventes mondiales sur la même période. L’objectif initial semblait ainsi découplé des réalités commerciales, comme l’a reconnu Jim Rowan, PDG de la marque :
« La transition vers l’électrification ne sera pas linéaire. Les marchés et les clients avancent à des rythmes différents. »
Jim Rowan, PDG de Volvo Cars, septembre 2025
Les hybridations rechargeables, comme le XC60 (best-seller en Europe en 2024), jouent un rôle de tampon technologique. Elles permettent de réduire les émissions sans imposer aux clients les contraintes des BEV – autonomie limitée, temps de recharge, ou coût d’acquisition. Une étude de J.D. Power révèle que 52 % des acheteurs potentiels citent l’accès aux bornes comme un frein majeur.
Les pressions géopolitiques et économiques
Autre facteur clé : les tarifs douaniers. Les États-Unis ont porté en mai 2024 les droits de douane sur les véhicules électriques chinois de 25 % à 100 %, une mesure que l’Europe pourrait reproduire. Or, Volvo, dont une partie de la production est localisée en Chine via Geely, serait directement impactée. Le constructeur doit ainsi diversifier ses chaînes d’approvisionnement et adapter son offre pour limiter les surcoûts.
Par ailleurs, le retrait progressif des subventions dans plusieurs pays (comme la fin du bonus écologique en France pour les ménages aisés) rend les BEV moins compétitifs. Jim Rowan a insisté sur la nécessité de politiques publiques « plus fortes et stables » pour accompagner la transition – un appel indirect aux gouvernements européens.
Le XC70, fer de lance d’une électrification pragmatique
Symbole de cette stratégie révisée, le XC70 est présenté comme le premier hybride rechargeable « longue autonomie » de la marque. Commercialisé en priorité en Chine avant son arrivée en Europe, ce SUV combine un design inspiré de l’EX90 (100 % électrique) et une technologie embarquée axée sur la connectivité, avec un écran central de 15,4 pouces piloté par IA. Ses performances le positionnent comme une solution intermédiaire idéale.

Des autonomies record pour un PHEV
Le XC70 se distingue par ses deux options de batterie :
- Pack 21,2 kWh : jusqu’à 100 km d’autonomie WLTP (116 km en cycle CLTC, plus optimiste).
- Pack 39,6 kWh : jusqu’à 180 km WLTP (212 km CLTC), une première pour un hybride non prolongateur d’autonomie.
Ces chiffres placent le modèle au-dessus de la moyenne des PHEV, dont l’autonomie électrique oscille généralement entre 50 et 80 km. Une capacité qui permet, selon Volvo, de couvrir 80 % des trajets quotidiens en mode 100 % électrique, réduisant ainsi les émissions sans sacrifier la polyvalence.
Un design et une technologie adaptés aux attentes locales
L’habitacle du XC70 intègre des fonctionnalités pensées pour le marché chinois – reconnaissance vocale avancée, écran tactile ultra-connecté – mais aussi des éléments consensuels pour séduire l’Europe et l’Amérique du Nord. La production du XC60 (PHEV et MHEV) en Caroline du Sud à partir de 2026 confirme cette volonté de localiser l’offre pour répondre aux spécificités régionales.
Pour Volvo, ces modèles hybrides ne sont pas une concession, mais un levier commercial. Ils permettent de fidéliser une clientèle hésitante tout en préparant le terrain pour les BEV. Une approche que résume la maintenance parallèle du XC90 (hybride) et de l’EX90 (100 % électrique).
Les hybrides rechargeables, un pont vers le zéro émission
Avec un million de PHEV vendus depuis 2012 (jalon franchi en octobre 2025), Volvo démontre l’efficacité de cette technologie comme étape transitoire. Les données d’usage confirment leur pertinence : les conducteurs de PHEV Volvo roulent en mode électrique près de 50 % du temps, un taux qui grimpe en ville. Le XC60, leader des ventes en Europe en 2024, en est l’exemple parfait.
Un rôle clé dans la réduction des émissions
Les PHEV émettent jusqu’à 60 % de CO₂ en moins que les véhicules thermiques équivalents, selon les cycles d’usage. Leur adoption massive permet ainsi de lisser la courbe des émissions en attendant la généralisation des BEV. Volvo table sur 50 à 60 % de ventes électrifiées d’ici fin 2025, un objectif réaliste grâce à cette gamme hybride.
| Modèle | Type | Part des ventes (H1 2025) | Autonomie électrique (WLTP) |
|---|---|---|---|
| XC60 | PHEV | 15 % | Jusqu’à 80 km |
| XC70 | PHEV longue autonomie | N/A (lancement 2024) | Jusqu’à 180 km |
| EX90 | BEV | 8 % | Jusqu’à 600 km |
L’engagement 2040 maintenu
Malgré ce recentrage sur les hybrides, Volvo réaffirme son objectif zéro émission nette d’ici 2040. La marque prévoit une gamme 100 % BEV bien avant 2035, mais ajuste le calendrier en fonction de la demande réelle et des contraintes industrielles. Une flexibilité qui lui permet de rester compétitive face à des rivaux comme BMW ou Mercedes, tout en limitant les risques financiers.

Les défis persistants : infrastructure, coût et acceptation
Le revirement de Volvo met en lumière trois obstacles majeurs à l’électrification massive : l’infrastructure de recharge, le différentiel de prix, et les réticences culturelles. Malgré les progrès, ces freins pèsent encore sur l’adoption des BEV, même dans des marchés matures comme l’Europe.
Le réseau de recharge, talon d’Achille
Une étude de J.D. Power souligne que 52 % des acheteurs potentiels craignent le manque de bornes. En Europe, la densité varie fortement : la Norvège (leader) compte 20 000 bornes pour 5,5 millions d’habitants, contre 30 000 pour 67 millions de Français. Volvo mise sur les PHEV pour dédramatiser cette anxiété, tout en appelant à un plan européen coordonné pour accélérer les déploiements.
Un écart de prix difficile à combler
En 2024, un BEV coûte en moyenne 30 % plus cher qu’un modèle thermique équivalent, selon l’UFC-Que Choisir. Les hybrides rechargeables, comme le XC70, offrent un compromis économique : leur surcoût (environ 15 %) est partiellement compensé par des économies de carburant et des avantages fiscaux résiduels. Une équation qui séduit les flottes d’entreprise, premier client des PHEV Volvo.
L’impact des tensions commerciales
Les tarifs douaniers sur les véhicules chinois (jusqu’à 100 % aux États-Unis) compliquent la stratégie de Geely. Volvo doit ainsi relocaliser une partie de sa production – comme le XC60 en Caroline du Sud – pour éviter des hausses de prix rédhibitoires. Un défi logistique qui retarde mécaniquement la transition vers le tout-électrique.
Face à ces réalités, la marque suédoise assume un pragmatisme assumé. Comme l’explique Jim Rowan :
« Notre vision reste inchangée : devenir une entreprise zéro émission. Mais nous devons le faire au rythme du marché, pas au rythme de nos souhaits. »
Jim Rowan, PDG de Volvo Cars










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