La France s’apprête à accueillir sa plus grande batterie de stockage d’énergie, un projet de 240 MW/480 MWh mené par TagEnergy dans la commune de Cernay-lès-Reims, dans la Marne. Ce système de stockage d’énergie par batteries (BESS) repose sur la technologie Megapack de Tesla. Destiné à stabiliser le réseau électrique, il contribuera à la flexibilité du réseau, à l’optimisation des énergies renouvelables et à la gestion des périodes de forte demande électrique.
Un projet de stockage d’énergie ambitieux
TagEnergy, entreprise spécialisée dans les énergies renouvelables, a annoncé la construction du plus grand site de stockage d’énergie par batteries de France. Située à Cernay-lès-Reims (Marne), cette installation aura une puissance de 240 MW et une capacité de stockage de 480 MWh. Pour comparaison, sa capacité de stockage sera cinq fois supérieure à celle de la plus grande batterie opérationnelle actuelle en France, située à Saucats (Gironde).
Ce projet est stratégique à plusieurs niveaux. D’abord, il participera à la stabilité du réseau électrique français, notamment en période de forte demande, comme en hiver. Il jouera également un rôle clé dans l’intégration des énergies renouvelables en stockant l’électricité excédentaire produite par les panneaux solaires et les éoliennes. Enfin, il s’inscrit dans la dynamique de renforcement de la souveraineté énergétique de la France, un enjeu devenu central face aux défis climatiques et géopolitiques.
Technologie Tesla au cœur de l’installation
Pour ce projet, TagEnergy a choisi la technologie Megapack de Tesla. Ces unités de stockage prennent la forme de conteneurs de 8,8 mètres de long et intègrent à la fois des batteries lithium-ion (LFP) et des onduleurs. Contrairement aux batteries NMC (Nickel-Manganèse-Cobalt), la chimie LFP (Lithium-Fer-Phosphate) utilisée ici offre une meilleure sécurité thermique, une durée de vie plus longue et un coût de production plus faible.
Pas moins de 140 Megapacks seront installés sur le site, accompagnés de 70 transformateurs de moyenne tension et de deux transformateurs de 225 000 volts. L’ensemble de l’infrastructure occupera une surface de 3,5 hectares. Ce dispositif permettra de stocker l’équivalent de 20 % des besoins en électricité résidentielle du département de la Marne, qui compte environ 500 000 habitants.
Un rôle majeur dans la stabilité du réseau
Ce projet de stockage d’énergie jouera trois rôles essentiels au sein du réseau électrique français :
- Optimisation de l’utilisation des énergies renouvelables : en stockant l’énergie excédentaire produite par le solaire et l’éolien, le système permettra d’utiliser cette électricité ultérieurement, notamment lorsque la production est plus faible.
- Renforcement de la stabilité du réseau : le BESS de Cernay-lès-Reims pourra injecter de l’électricité dans le réseau en quelques millisecondes en cas de déséquilibre entre l’offre et la demande.
- Fourniture d’énergie en période de pointe : ce rôle sera crucial en hiver, lorsque la demande électrique augmente fortement en raison du chauffage, réduisant ainsi le risque de coupures de courant.
Grâce à sa connexion au réseau RTE via une liaison de 225 kV, la batterie pourra aussi participer au nouveau marché de la Réserve Secondaire (aFRR), permettant à l’installation d’intervenir sur le réseau pour stabiliser la fréquence électrique.
Financement et calendrier du projet
Le projet de batterie de Cernay-lès-Reims représente un investissement estimé à plus de 100 millions d’euros. Il est financé en partie par TagEnergy et soutenu par un consortium bancaire comprenant la Caisse d’Épargne CEPAC, la banque néerlandaise ABN AMRO et la banque allemande NORD/LB. Ce financement innovant permet de répartir les risques financiers tout en assurant la viabilité du projet.
Les premières étapes du projet ont débuté dès avril 2024 avec des investigations archéologiques menées par la Communauté Urbaine du Grand Reims. Les travaux de construction proprement dits doivent débuter en janvier 2025, et la mise en service de la batterie est prévue pour la fin de l’année 2025. Cette mise en service coïncidera avec l’ouverture du marché de la Réserve Secondaire, sur lequel la batterie pourra intervenir pour assurer des revenus supplémentaires à ses exploitants.
Un pas vers la souveraineté énergétique française
Ce projet s’inscrit dans un mouvement plus large de renforcement de la souveraineté énergétique de la France. La crise énergétique récente a mis en évidence la nécessité de développer des moyens de stockage d’énergie locaux et résilients. En augmentant la capacité de stockage disponible sur le territoire, la France réduit sa dépendance aux importations d’électricité et accroît sa flexibilité en matière de gestion du réseau électrique.
La technologie de Tesla, combinée à l’expertise de TagEnergy, permet non seulement de mieux intégrer les énergies renouvelables, mais aussi d’assurer une plus grande réactivité du réseau lors des pics de demande. Ce projet de batterie s’inscrit dans une tendance mondiale, où les systèmes de stockage d’énergie jouent un rôle de plus en plus important pour la transition énergétique.
Perspectives d’avenir
Avec ce projet de 240 MW/480 MWh, la France renforce sa position dans la course mondiale au stockage d’énergie. Ce type d’installation devient indispensable pour stabiliser les réseaux électriques alimentés par des sources d’énergie intermittentes, comme l’éolien et le solaire. D’autres projets similaires sont en cours en Europe et dans le monde, notamment au Royaume-Uni et en Australie, où TagEnergy est également actif.
Tesla, de son côté, poursuit l’expansion de sa capacité de production de Megapacks. Actuellement, l’usine californienne de Tesla atteint une production annuelle de 40 GWh, et une deuxième usine doit bientôt ouvrir en Chine pour répondre à la demande croissante. Cette montée en puissance industrielle permettra de soutenir les nombreux projets similaires à celui de Cernay-lès-Reims, tant en France qu’à l’international.
Avec une capacité de stockage de 480 MWh, le site de Cernay-lès-Reims deviendra un maillon essentiel du système électrique français. Il apportera une réponse concrète aux enjeux de flexibilité, de stabilité du réseau et de décarbonation. Ce projet ambitieux marque une nouvelle étape dans la transition énergétique de la France, où le stockage d’énergie jouera un rôle central dans les années à venir.
