La Chine a franchi une étape majeure dans sa transition énergétique en atteignant une capacité de stockage d’énergie nouvelle dépassant les 95 gigawatts en juin 2025, soit plus du double de l’objectif fixé pour fin d’année. Ce record, largement anticipé par rapport aux prévisions initiales de 30 gigawatts, repose sur une explosion des installations de batteries lithium-ion, essentielles pour absorber l’intermittence des énergies renouvelables. Cette avancée positionne Pékin comme leader incontesté, soulignant l’accélération mondiale vers une électrification stable et décarbonée.
À retenir
- Capacité installée de 95 gigawatts en juin 2025, selon l’Administration nationale de l’énergie (NEA).
- Dépassement du double de l’objectif 2025 relevé à 40 gigawatts.
- Croissance de 29 % au premier semestre 2025 par rapport à fin 2024.
- Batteries lithium-ion dominantes, excluant l’hydroélectricité par pompage.
- Nouvel objectif de 180 gigawatts d’ici 2027, avec investissements de 30 milliards d’euros.
- Plus de 40 % de la capacité mondiale installée en 2024 par la Chine.
Dans un contexte où l’intégration des énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien impose une flexibilité accrue aux réseaux électriques, l’exploit chinois du stockage d’énergie nouvelle illustre l’urgence d’accélérer ces technologies pour la transition énergétique globale. Publiées en août 2025 par la NEA, les données de juin révèlent une capacité cumulée de 95 gigawatts, confirmée par la China Energy Storage Alliance à plus de 100 gigawatts fin juin. Cette performance dépasse non seulement les attentes nationales mais interroge les autres puissances, dont l’Europe, sur leur propre rythme d’adoption. Pour un lectorat français attentif aux enjeux de décarbonation, cet avancement chinois met en lumière les bénéfices pragmatiques du stockage : stabilité du réseau, réduction des émissions de CO2 et soutien à la stratégie du double carbone – pic en 2030, neutralité en 2060. Il s’agit d’un modèle de croissance efficacité qui pourrait inspirer des politiques plus ambitieuses au sein de l’Union européenne, où le stockage reste en retard.
L’exploit quantitatif de la Chine en matière de stockage
La Chine a multiplié par plus de deux sa capacité de stockage d’énergie nouvelle en quelques années, transformant un objectif modeste en réalité industrielle massive.

Les chiffres qui dépassent les attentes
L’Administration nationale de l’énergie (NEA) a rapporté une capacité installée de 95 gigawatts en juin 2025 pour le nouveau stockage d’énergie, excluant l’hydroélectricité par pompage. Des estimations de la China Energy Storage Alliance (CNESA) portent ce cumul à 101,3 gigawatts fin juin. Ce volume correspond à une croissance de 29 % au premier semestre 2025 par rapport à fin 2024, où la base s’établissait à 73,76 gigawatts pour 168 gigawattheures. L’objectif initial du 14e Plan quinquennal visait 30 gigawatts d’ici fin 2025, un seuil franchi dès 2023, deux ans en avance. Le relèvement à au moins 40 gigawatts pour la même échéance a été pulvérisé, marquant un dépassement du triple de la cible originelle. Ces chiffres soulignent une accélération pragmatique, ancrée dans l’expansion des énergies renouvelables qui ont déjà surpassé l’objectif de 1,2 térawattheures combinés éolien-solaire fixé pour 2030, dès 2024.
Une chronologie d’avancées rapides
Le développement du stockage en Chine s’est accéléré dès le début des années 2020, avec l’atteinte des 30 gigawatts en 2023, bien avant la deadline de 2025. Au cours de 2024, le pays a ajouté 42,37 gigawatts pour 101 gigawattheures, captant plus de 40 % de la capacité mondiale totale installée cette année-là. Le premier semestre 2025 a vu une installation de nouvelles capacités concentrée à plus de 80 % dans les régions du Nord, du Nord-Ouest et du Sud. La Mongolie intérieure et le Xinjiang ont chacune franchi les 10 gigawatts installés, tandis que treize provinces ou régions ont dépassé les 2 gigawatts chacune. Cette répartition géographique reflète l’adaptation aux ressources locales, comme les vastes plaines éoliennes du Nord et les déserts solaires de l’Ouest. Les données de la NEA, publiées en août 2025, confirment cette dynamique, positionnant la Chine comme un cas d’étude pour une transition énergétique territorialement équilibrée.
Les enjeux techniques et stratégiques du nouveau stockage
Le nouveau stockage d’énergie joue un rôle pivot dans la stabilité des réseaux face à l’intermittence des renouvelables, soutenant ainsi les ambitions décarbonées de Pékin.
Technologies phares et rôle opérationnel
Le terme de nouveau stockage désigne les systèmes électrochimiques, à air comprimé, à volant d’inertie et à supercondensateurs, sans inclure l’hydroélectricité par pompage. Parmi eux, les batteries lithium-ion représentent la majorité des 95 gigawatts installés, offrant une densité énergétique élevée pour stocker l’électricité produite par le solaire photovoltaïque et l’éolien. Ces technologies permettent l’écrêtement des pics de consommation, le transfert de charge et l’absorption de l’excédent renouvelable, évitant ainsi le gaspillage. Dans un réseau interconnecté comme celui de la Chine, elles assurent une flexibilité essentielle, stabilisant la tension et la fréquence face aux variations journalières ou saisonnières. Par exemple, en période de forte production éolienne nocturne, les batteries stockent pour redistribution diurne, optimisant l’efficacité globale du système. Cette maturité technologique, dominée par des acteurs nationaux, renforce la durabilité en réduisant la dépendance aux combustibles fossiles.
Alignement avec la stratégie du double carbone
La poussée du stockage soutient directement la stratégie chinoise du double carbone, visant un pic d’émissions en 2030 et la neutralité en 2060. En intégrant plus d’énergies intermittentes, ces capacités diminuent les émissions de CO2 en remplaçant les centrales au charbon lors des pics. La Chine, premier émetteur mondial, utilise le stockage pour équilibrer un réseau où les renouvelables représentent déjà une part croissante. Les batteries lithium-ion, avec leur cycle de vie optimisé, contribuent à une sobriété énergétique en minimisant les pertes. Des experts soulignent que sans cette flexibilité, l’expansion solaire et éolienne – qui a bondi en 2024 – risquerait de saturer le réseau sans valorisation. Ainsi, le nouveau stockage n’est pas un gadget mais un levier concret pour une transition pragmatique, adaptable aux besoins locaux comme dans la Mongolie intérieure où l’éolien domine.

Leadership chinois et perspectives d’expansion
Malgré un écart flagrant avec les concurrents internationaux, la Chine trace un chemin ambitieux qui pourrait influencer les stratégies globales de stockage.
Comparaison avec les États-Unis et leadership mondial
La Chine creuse un écart d’ordre de grandeur par rapport aux États-Unis, où la capacité de stockage par batterie à l’échelle des services publics atteignait 26 gigawatts fin 2024, avec une projection à 46 gigawatts fin 2025 selon l’Energy Information Administration. En 2024, Pékin a installé plus que l’ensemble du parc américain cumulé, capturant 40 % du marché mondial. Cette dominance s’explique par des chaînes d’approvisionnement locales pour le lithium et une politique industrielle agressive. Cependant, les États-Unis misent sur des innovations en sodium-ion pour diversifier, traitant ainsi l’objection d’une dépendance excessive au lithium, volatile en prix. En Europe, où le stockage reste embryonnaire avec des objectifs UE à 100 gigawatts d’ici 2030, cet écart invite à une accélération : la France pourrait s’inspirer des modèles chinois pour ses appels d’offres solaires, adaptant la flexibilité au contexte insulaire ou rural.
Le plan 2027 et les acteurs dominants
La Commission nationale pour le développement et la réforme, avec la NEA, a fixé un objectif de 180 gigawatts de nouveau stockage d’ici fin 2027, doublant presque la capacité actuelle. Ce plan mobilisera environ 250 milliards de yuans, soit 30 milliards d’euros, en investissements massifs pour infrastructures et R&D. Les champions nationaux comme BYD, leader en batteries de stockage et véhicules à énergie nouvelle, et CATL, numéro un mondial des batteries de puissance, piloteront cette expansion. Les batteries lithium-ion resteront phares, mais des avancées en air comprimé pourraient émerger pour des applications à grande échelle. Cette trajectoire, ancrée dans une croissance régionale comme au Xinjiang, promet une adaptabilité accrue face aux défis climatiques. Pour l’Europe, ces perspectives rappellent l’urgence d’investissements similaires, afin de ne pas céder du terrain dans la course à la décarbonation.










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