Northvolt en faillite, une alerte pour l’industrie des batteries européennes

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Northvolt, autrefois considéré comme le champion européen des batteries électriques, a récemment déposé le bilan aux États-Unis sous le régime du chapitre 11. Cette faillite marque un tournant inquiétant pour l’industrie des batteries en Europe, mettant en lumière les défis majeurs auxquels les entreprises de la transition énergétique sont confrontées sur un marché mondial dominé par la Chine et les États-Unis.

Un modèle économique ambitieux qui s’effondre

Basée en Suède, Northvolt avait levé plus de 15 milliards de dollars (environ 14,2 milliards d’euros) depuis sa création en 2016. Elle comptait parmi ses investisseurs des géants comme Volkswagen, qui détenait 21 % de son capital, et avait prévu une introduction en Bourse valorisée à 20 milliards de dollars. Cependant, malgré ces ambitions, l’entreprise s’est retrouvée avec seulement 30 millions de dollars de liquidités et une dette massive de 5,8 milliards de dollars (5,16 milliards d’euros), une situation qualifiée de « désespérée » par ses dirigeants.

Un soutien limité pour éviter la liquidation

Pour éviter une fermeture complète, Northvolt a obtenu un prêt d’urgence de 100 millions de dollars de la part de Scania, son principal client, et une facilité de financement totale de 245 millions de dollars pour couvrir ses opérations à court terme. Les activités de ses principales usines, notamment Northvolt Ett en Suède, continueront de fonctionner à une capacité réduite, tandis que ses filiales en Allemagne et en Amérique du Nord sont exclues de la procédure de faillite.

Un impact majeur sur l’industrie européenne des batteries

La chute de Northvolt met en lumière les failles de la stratégie européenne pour rivaliser avec la domination chinoise dans le secteur des batteries. L’UE avait misé sur des projets comme celui de Northvolt pour réduire sa dépendance aux importations asiatiques. Cependant, cette faillite risque de refroidir les investisseurs, déjà échaudés par les pertes massives liées à ce projet. Beaucoup craignent désormais un désengagement des capitaux privés pour les projets verts européens, menaçant les ambitions de transition énergétique de l’UE.

Des critiques sur les politiques européennes

La vice-première ministre suédoise, Ebba Busch, a dénoncé la « naïveté » de l’UE face aux pratiques commerciales déloyales de la Chine et à la guerre économique menée par les États-Unis. Elle appelle à un « signal fort » de Bruxelles pour soutenir les entreprises européennes, notamment à travers des réglementations plus protectrices et un accès facilité aux capitaux. Selon elle, des mesures urgentes sont nécessaires pour éviter une domination chinoise totale dans les technologies propres.

Les investisseurs et partenaires en désarroi

La faillite de Northvolt est un coup dur pour ses actionnaires, dont Volkswagen, qui a vu sa participation perdre presque toute sa valeur. Les fonds de pension et de capital-investissement ayant soutenu les levées de fonds massives de l’entreprise subissent des pertes considérables, accentuant un climat de désillusion dans le secteur des batteries en Europe. Cela pourrait favoriser des projets perçus comme plus réalistes, tels que la gigafactory Verkor à Dunkerque, qui a levé 2 milliards d’euros en 2023.

Un avenir incertain pour Northvolt et l’Europe

Malgré une restructuration prévue pour le premier trimestre 2025, l’avenir de Northvolt reste incertain. L’entreprise espère redresser sa situation financière tout en continuant à produire des batteries pour véhicules électriques et systèmes de stockage stationnaires. Cependant, le choc de sa faillite remet en question la capacité de l’Europe à construire une chaîne de valeur compétitive dans le secteur des batteries, un enjeu crucial pour l’avenir de l’industrie automobile et la transition énergétique du continent.