CATL mise sur le remplacement de batteries standardisé pour démocratiser les véhicules électriques

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Le principal fabricant mondial de batteries pour véhicules électriques, CATL, mise sur un système de remplacement standardisé pour démocratiser les véhicules électriques. Avec l’introduction des batteries Choco-Swap et un plan ambitieux de déploiement de 1 000 stations dès 2025, l’entreprise entend rendre les VE aussi pratiques que les voitures thermiques. Ce modèle, qui permet un remplacement de batterie en seulement 100 secondes, pourrait révolutionner l’accès aux VE, notamment en Chine, et s’étendre à terme en Europe, où la recharge rapide reste une priorité.

La standardisation comme levier d’adoption

CATL a dévoilé deux modèles de batteries interchangeables, les Choco-Swap #20 et #25, conçus pour simplifier le remplacement dans les véhicules électriques. Ces batteries, disponibles en deux versions chimiques (LFP et NMC), offrent des capacités comprises entre 42 kWh et 70 kWh. L’autonomie varie entre 400 km pour la version #20 LFP et jusqu’à 600 km pour la version #25 NMC. Ces modèles, compatibles avec des véhicules de classe A0, A et B, visent à réduire le temps de « recharge » à seulement 100 secondes, une durée plus rapide que de faire le plein d’essence.

La standardisation est essentielle pour réduire les coûts de production des véhicules électriques. Grâce à des dimensions uniformes des batteries, CATL estime que les constructeurs automobiles pourront réduire les cycles de développement de nouveaux modèles de plus de six mois, tout en diminuant les coûts de fabrication.

Un réseau en pleine expansion

CATL prévoit de construire 1 000 stations de remplacement dès 2025, avant de passer à 10 000 stations à moyen terme et 30 000 à long terme. Chaque station pourra accueillir entre 14 et 30 batteries, offrant ainsi une capacité totale de stockage énergétique estimée à 33,6 millions de kWh pour l’ensemble du réseau. Ces stations ne se contenteront pas de remplacer les batteries : elles intégreront des fonctions de recharge, de stockage et de support au réseau électrique (technologie B2G).

Les stations seront compatibles avec une large gamme de véhicules, grâce à des compartiments réglables permettant d’accueillir des véhicules avec un empattement compris entre 2,55 m et 3,10 m. Selon CATL, cette flexibilité représente le taux de compatibilité le plus élevé du secteur.

Un modèle économique innovant

CATL propose une flexibilité inédite dans l’usage des batteries avec des abonnements adaptés aux besoins des utilisateurs. Par exemple, un abonnement mensuel pour la version #20 LFP débute à 369 yuan (environ 47 euros) pour une utilisation allant jusqu’à 3 000 km. Une option d’usage illimité est également disponible pour 469 yuan (environ 60 euros). Ce modèle économique réduit les coûts initiaux des VE, souvent alourdis par le prix des batteries, et permet aux utilisateurs de payer uniquement en fonction de leur usage réel.

CATL ambitionne également de maximiser la durée de vie des batteries grâce à une gestion intelligente basée sur l’analyse en temps réel des données des batteries. Avec un taux de succès des opérations de remplacement de 99,99 %, chaque batterie sera utilisée au maximum de son potentiel, optimisant ainsi son cycle de vie.

Défis et perspectives pour l’Europe

Si ce modèle rencontre un franc succès en Chine, son adoption en Europe soulève des questions. La standardisation des batteries nécessite une collaboration étroite entre les constructeurs automobiles pour harmoniser les spécifications. En Europe, où le parc automobile est fragmenté et les normes diffèrent, cet alignement pourrait représenter un défi.

Néanmoins, le remplacement standardisé pourrait répondre à des préoccupations majeures des consommateurs européens, notamment le temps de recharge et le coût initial des VE. Dans des pays où l’accès à la recharge domestique reste limité, ce modèle pourrait accélérer l’adoption des VE. Il est également envisageable que ce système s’intègre aux infrastructures existantes, comme les bornes de recharge rapide, pour offrir une complémentarité.

Un pas vers une mobilité durable

Au-delà de la démocratisation des véhicules électriques, le système de remplacement standardisé de CATL pourrait jouer un rôle clé dans la transition énergétique. Les stations de remplacement serviront également de hubs de stockage d’énergie renouvelable, participant à la stabilisation des réseaux électriques. Avec une capacité totale de stockage combinée (stations et batteries embarquées) dépassant 1,15 milliard de kWh, ces infrastructures seront des piliers de la gestion énergétique distribuée.

CATL collabore actuellement avec près de 100 partenaires, parmi lesquels des constructeurs automobiles, des institutions financières et des compagnies d’assurance. L’entreprise prévoit de lancer plus de 10 modèles de véhicules compatibles d’ici la fin de l’année, avec des partenaires comme GAC, Wuling et SAIC. Ce réseau collaboratif représente une avancée vers un écosystème énergétique intégré, où les consommateurs pourront acheter, louer ou remplacer leurs batteries en toute simplicité.

L’initiative de CATL, bien qu’ambitieuse, s’inscrit dans une logique pragmatique et durable. En intégrant des infrastructures intelligentes, des standards de production et une offre flexible pour les utilisateurs, cette vision pourrait transformer le paysage de la mobilité électrique, en Chine comme en Europe.