Malgré sa réputation d’excellence technologique dans le domaine de l’énergie solaire, le fabricant Maxeon, d’origine américaine et basé à Singapour, traverse une période critique. Alors qu’il produit les panneaux solaires les plus performants au monde, la société se débat avec de graves problèmes financiers. Son action a chuté de plus de 99 % cette année et, pour éviter d’être radiée du Nasdaq, elle a dû procéder à une réduction drastique de sa valeur boursière via un regroupement d’actions. De plus, Maxeon et sa précieuse propriété intellectuelle sont désormais majoritairement contrôlées par l’entreprise chinoise Zhonghuan Renewable Energy Technology (TZE). Dans ce contexte de turbulences financières et de tensions commerciales internationales, la survie de Maxeon est loin d’être garantie.
Une entreprise en difficulté malgré des technologies de pointe
Maxeon, née de la scission avec SunPower en 2020, a hérité des technologies avancées de celle-ci, notamment dans la fabrication de panneaux solaires à haut rendement. Ces panneaux à « cellules emboîtées » et à « contacts à l’arrière » (IBC) détiennent le record d’efficacité énergétique, atteignant un rendement de 24,7 %, bien au-dessus de ses concurrents chinois. Pourtant, malgré cette supériorité technologique, l’entreprise est confrontée à une baisse significative de ses revenus et à des prévisions de bénéfices désormais imprécises.
Ces problèmes financiers se sont accentués avec la faillite de SunPower, son plus important client, et la concurrence mondiale qui tire les prix des panneaux vers le bas. En conséquence, Maxeon a retiré ses prévisions annuelles de bénéfices et de revenus pour cette année, accentuant la chute de son action sur les marchés.
Des changements de direction et une nouvelle majorité chinoise
La prise de contrôle de Maxeon par TZE, une filiale de l’entreprise chinoise TCL, marque un tournant décisif. TZE a injecté 197,5 millions de dollars (environ 187 millions d’euros) dans Maxeon, obtenant ainsi une majorité des parts. Cette opération confère à TCL, un conglomérat partiellement détenu par l’État chinois, le contrôle des brevets et des technologies de pointe développés aux États-Unis.
À la suite de cette acquisition, Maxeon accueillera un nouveau PDG en janvier, George Guo, ancien dirigeant de TCL. Cette prise de pouvoir intervient alors que les États-Unis s’efforcent d’augmenter leur propre capacité de production de panneaux solaires pour réduire leur dépendance vis-à-vis de la Chine, stimulés par la loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act).
Incertitudes sur l’avenir de la production aux États-Unis
Maxeon avait récemment annoncé un projet ambitieux de 1,9 milliard de dollars (environ 1,8 milliard d’euros) pour construire une usine de panneaux solaires au Nouveau-Mexique, en partenariat avec le Département de l’énergie américain (DOE). Cependant, avec la prise de contrôle par TZE, ce projet est désormais compromis. Le DOE a indiqué en août qu’il réévaluerait la viabilité financière de Maxeon avant d’approuver son prêt.
En parallèle, Maxeon doit aussi faire face aux restrictions commerciales américaines. En juillet, les douanes américaines ont bloqué les importations de panneaux solaires Maxeon en provenance du Mexique, dans le cadre de la législation contre le travail forcé. Des droits de douane pourraient également être imposés si les cellules produites dans leurs usines mexicaine et malaisienne sont considérées comme contournant les taxes sur les produits chinois.
Un héritage technologique en péril
Maxeon est aujourd’hui la dépositaire d’une technologie pionnière développée par SunPower. Leurs panneaux à « cellules emboîtées » et à « contacts à l’arrière » (IBC) offrent des performances inégalées, avec un rendement record pour les installations résidentielles. Ces innovations, issues de décennies de recherche, sont protégées par de nombreux brevets que Maxeon continue de défendre dans des litiges avec des concurrents comme Hanwha Qcells et Canadian Solar.
Malgré cette avancée technologique, la compétitivité du marché et la montée en puissance de la production chinoise compliquent l’avenir de l’entreprise. Tandis que le secteur solaire américain connaît un essor grâce aux mesures incitatives, la concentration de la propriété intellectuelle entre les mains d’une société chinoise soulève des questions quant à l’avenir de la technologie solaire américaine.
Des perspectives limitées pour l’innovation américaine
Bien que Maxeon détienne actuellement le record d’efficacité énergétique pour les panneaux solaires et continue de développer des produits à haut rendement, la perspective que ces avancées servent les intérêts chinois inquiète. Aux États-Unis, les capacités de production de panneaux solaires ont presque quadruplé depuis deux ans, signe d’une volonté nationale de redynamiser cette industrie sur le sol américain.
Pourtant, les tensions commerciales avec la Chine et la dépendance à des technologies partiellement contrôlées par des groupes chinois compliquent cette ambition. Si Maxeon parvient à surmonter ses difficultés actuelles, elle devra composer avec une surveillance accrue et des limitations potentielles dans ses activités américaines. Sinon, elle risque de rejoindre la longue liste d’entreprises solaires américaines ayant sombré sous la pression du marché mondial.