La future gigafactory de panneaux photovoltaïques HoloSolis, implantée à Sarreguemines (Moselle), franchit une étape décisive en obtenant le soutien financier et stratégique de plusieurs acteurs majeurs des énergies renouvelables en France. Technique Solaire, Rubis Photosol, CVE et Tenergie ont souscrit à un premier tour de table d’un million d’euros sous forme d’obligations convertibles. Cette levée de fonds s’inscrit dans une stratégie plus large visant à réunir 20 millions d’euros d’ici la fin de l’année, un pas crucial avant le lancement de la construction de cette usine de 5 GW prévue pour 2026-2027.
Une ambition industrielle pour réduire la dépendance européenne
HoloSolis s’inscrit dans la volonté européenne de relocaliser la production industrielle de panneaux photovoltaïques, aujourd’hui dominée par l’Asie. À terme, cette gigafactory, qui représente un investissement total de 800 millions d’euros, devrait produire chaque année plus de 10 millions de panneaux photovoltaïques, couvrant environ 8 % des importations européennes actuelles depuis la Chine. L’objectif est clair : renforcer la souveraineté énergétique européenne tout en créant 2 000 emplois directs d’ici 2028.
Un modèle intégré pour optimiser les coûts
À l’image des géants chinois, HoloSolis mise sur une intégration complète de la chaîne de production. L’usine sera équipée d’un laboratoire de recherche dédié aux technologies de pointe, notamment les cellules tandem pérovskite-silicium. En partenariat avec l’Institut Photovoltaïque d’Île-de-France (IPVF) et le groupe Armor, l’entreprise vise à développer des technologies innovantes tout en anticipant leur déploiement industriel à grande échelle.
Les défis de la concurrence chinoise
Malgré ces ambitions, la tâche s’annonce ardue face à la domination technologique des fabricants chinois, comme Longi, qui investissent massivement dans la R&D. Les cellules TOPCon et tandem pérovskite, technologies clés pour les futures usines européennes, sont également au cœur de la stratégie chinoise. Avec des rendements atteignant déjà 33,9 % en laboratoire, les acteurs asiatiques restent les leaders en matière d’innovation.
Cependant, les industriels français entendent capitaliser sur leurs forces : proximité des centres de recherche, expertise en couches minces et maîtrise des procédés de fabrication. « Nous devons être plus créatifs et miser sur des processus différenciants », souligne David Duca, chef du département technologies solaires au CEA-Liten.
La bataille de l’innovation technologique
Pour rivaliser, HoloSolis, Carbon et Voltec Solar misent sur des technologies de rupture tout en débutant avec des cellules TOPCon, déjà éprouvées. Cette stratégie permet de sécuriser des volumes de production dès les premières années tout en préparant les lignes à évoluer vers des technologies comme le tandem pérovskite. « Nos usines seront extensibles et capables de s’adapter aux progrès technologiques », affirme Jan Jacob Boom-Wichers, PDG d’HoloSolis.
Investissements massifs et partenariats stratégiques
La levée de fonds actuelle d’HoloSolis, qui inclut des lettres d’intention pour près de 5 GW de commandes, vise à renforcer la confiance des investisseurs et à sécuriser les financements nécessaires à la construction. Avec des partenaires tels que Technique Solaire et Photosol, l’entreprise se positionne comme un acteur incontournable du photovoltaïque en Europe.
Vers un écosystème solaire européen compétitif
Face aux fermetures récentes d’usines solaires européennes, comme celle de Meyer Burger en Allemagne, les initiatives telles que celle d’HoloSolis apparaissent comme cruciales pour relancer l’industrie solaire européenne. En Allemagne, un « bonus de résilience » est à l’étude pour soutenir l’industrie face à la concurrence chinoise, une piste qui pourrait également bénéficier aux projets français.
Avec des projets ambitieux comme HoloSolis, la France et l’Europe espèrent non seulement renforcer leur souveraineté énergétique, mais aussi se positionner en leader dans le développement de technologies photovoltaïques avancées. La bataille est loin d’être gagnée, mais l’industrie française semble prête à relever le défi.