En France, le défi de passer à une production d’électricité basée sur une combinaison optimale d’énergies renouvelables et de nucléaire est crucial pour atteindre les objectifs de neutralité carbone fixés pour 2050. L’exemple de la Californie, où le réseau électrique a fonctionné à 100 % d’énergies renouvelables pendant 98 jours, sans coupures de courant ni augmentation des coûts, offre une perspective inspirante. Mais dans un pays comme la France, où le nucléaire joue déjà un rôle central, il est essentiel de réfléchir à une transition énergétique qui intègre pleinement cette spécificité.
Un bol d’air frais californien
Entre la fin de l’hiver et le début de l’été 2024, la Californie a réussi à alimenter son réseau principal avec plus de 100 % d’électricité issue des énergies renouvelables (vent, eau et soleil) pendant un record de 98 jours. Cette prouesse n’a pas entraîné de coupures de courant, même lorsque l’offre d’électricité renouvelable a dépassé la demande. En moyenne, cela s’est produit pendant 4,84 heures chaque jour avec un pic atteignant parfois 10,1 heures, prouvant ainsi la fiabilité de leur système énergétique basé sur les énergies renouvelables.
Progression des capacités renouvelables
En comparant 2024 à l’année précédente, la Californie a connu une augmentation remarquable de ses capacités renouvelables : 31 % de plus pour l’énergie solaire, 8 % pour l’énergie éolienne, et un bond de 105 % pour les capacités de stockage des batteries. Ces dernières ont satisfait jusqu’à 12 % de la demande nocturne grâce à une meilleure gestion de l’énergie excédentaire en journée.
Une baisse conséquente des coûts
Contrairement aux idées reçues, les prix élevés de l’électricité en Californie ne sont pas dus aux énergies renouvelables, mais aux investissements dans les infrastructures et la prévention des incendies. En fait, la période étudiée a montré une baisse de plus de 50 % du prix spot de l’électricité par rapport à l’année précédente, confirmant que l’ajout d’énergies renouvelables et de capacités de stockage peut s’accompagner d’une réduction des coûts. De manière générale, aux États-Unis, les États qui dépendent davantage des énergies renouvelables ont tendance à avoir des prix d’électricité plus faibles.
L’impact sur l’utilisation des combustibles fossiles
Un des résultats significatifs de cette expérience est la réduction de 40 % de l’utilisation du gaz fossile durant les 98 jours observés ainsi que de 25 % sur l’ensemble de l’année 2024. Cette diminution souligne l’importante contribution des énergies renouvelables dans la transition énergétique, aidant à diminuer notre dépendance aux combustibles fossiles.
Applications possibles en France
En France, l’intégration des énergies renouvelables est déjà en marche, avec des projections visant 40 % de la production d’électricité d’ici 2030. Cependant, le contexte français diffère de celui de la Californie par la prédominance du nucléaire, qui représente encore aujourd’hui près de 70 % de la production électrique nationale. Ce mix énergétique offre un avantage stratégique : une électricité déjà bas-carbone et fiable, qui peut servir de base pour accompagner l’essor des énergies renouvelables.
L’objectif pour la France ne serait pas de substituer le nucléaire aux renouvelables, mais de les faire cohabiter efficacement. Par exemple, la flexibilité des centrales nucléaires pourrait permettre de compenser les variations de la production renouvelable, surtout dans un contexte où les solutions de stockage, bien que prometteuses, restent coûteuses et limitées en capacité.
Les éléments clés pour la transition énergétique
L’exemple californien met en avant plusieurs aspects clés pour réussir la transition énergétique :
- Augmentation des capacités renouvelables : en France, les investissements dans l’énergie solaire et éolienne doivent s’intensifier, tout en tenant compte des spécificités géographiques et climatiques.
- Modernisation du nucléaire : la prolongation de la durée de vie des réacteurs existants et le développement de nouveaux modèles, comme les réacteurs modulaires (SMR), doivent accompagner la montée en puissance des renouvelables.
- Soutien au stockage : développer des technologies efficaces de stockage d’énergie pour stabiliser le réseau, surtout durant les nuits et les périodes de faible production.
- Modernisation des infrastructures : tout comme la Californie, les investissements dans les infrastructures doivent inclure des moyens pour réduire les pertes et maintenir la fiabilité du réseau.
Challenges et perspectives
Malgré les succès californiens, plusieurs défis subsistent, notamment en termes de régulation et d’équité dans la distribution de l’énergie, du soutien politique nécessaire et des investissements financiers conséquents. En France, ces défis sont accentués par la nécessité de concilier le développement des renouvelables avec l’exploitation d’un parc nucléaire vieillissant mais encore performant.
Le recentrage sur une énergie mixte équilibrée et efficace, où renouvelables et nucléaire se complètent, peut accélérer les progrès vers les objectifs de neutralité carbone. Une politique énergétique claire, accompagnée d’investissements massifs dans les infrastructures et la recherche, sera essentielle pour atteindre ces ambitions.
Conclusion
En conclusion, l’expérience californienne offre un aperçu important de ce qui est possible lorsqu’une région mise pleinement sur les énergies renouvelables combinées à des solutions de stockage robustes. Pour la France, s’inspirer de ce modèle, tout en tirant parti de l’atout stratégique que représente le nucléaire, pourrait permettre non seulement de réduire les coûts énergétiques, mais également de garantir une transition énergétique fiable et alignée avec les objectifs climatiques de 2050.