Réacteurs à sel fondu : un consortium néerlandais mise sur le nucléaire du futur

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Un consortium néerlandais a été formé en octobre 2024 avec pour objectif le développement des réacteurs à sel fondu. Ce projet s’inscrit dans une optique de transition énergétique, visant à explorer des technologies nucléaires avancées mais plus sûres et durables. Les entreprises Demcon, Thorizon et VDL Group sont au cœur de cette initiative, ayant signé un accord de projet en décembre 2024 pour valider la faisabilité, la sécurité et la fonctionnalité des composants critiques de ces réacteurs.

Les réacteurs à sel fondu : une technologie prometteuse

Les réacteurs à sel fondu sont une technologie nucléaire de nouvelle génération qui suscite un intérêt renouvelé. Ils offrent plusieurs avantages par rapport aux réacteurs nucléaires traditionnels. Tout d’abord, la sécurité passive de ces réacteurs est un énorme avantage. En cas de perte de puissance, le combustible, maintenu sous forme liquide, peut descendre par gravité, réduisant ainsi le risque d’accident catastrophique.

Ensuite, leur efficacité thermodynamique est notablement meilleure grâce à leur capacité à opérer à des températures très élevées. Cela se traduit par un rendement de 45 à 50 % en termes de génération d’électricité. Troisièmement, ces réacteurs offrent une flexibilité en matière de combustible. Contrairement aux réacteurs classiques qui se limitent souvent à l’uranium, les réacteurs à sel fondu peuvent utiliser du thorium, un élément plus abondant dont les réserves estimées sont supérieures et qui peut être extrait des minerais de monazite.

Développement technologique et enjeux de sécurité

Le consortium néerlandais va se concentrer sur le développement d’une infrastructure de test avancée pour affiner cette technologie. Cela inclut la validation des matériaux et des sous-systèmes non-nucléaires afin de garantir leur durabilité et leur sécurité. Une application de subvention a été déposée auprès de la Province de Noord-Brabant pour souligner l’engagement en faveur de l’innovation et du développement soutenable.

Les experts soulignent cependant plusieurs défis liés aux réacteurs à sel fondu. Le principal problème est la corrosion occasionnée par le sel fondu, qui nécessite une gestion précise et continue de l’état d’oxydation des matériaux pour prévenir des attaques corrosives. Il est également nécessaire de reconsidérer les réglementations en vigueur, car ces réacteurs possèdent des caractéristiques non traditionnelles qui ne sont pas couvertes par les cadres réglementaires actuels.

Le contexte européen et les perspectives d’avenir

L’intérêt renouvelé pour les réacteurs à sel fondu coïncide avec les objectifs européens de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de transition vers une production d’énergie plus verte et durable. Sur le plan économique, ces réacteurs offrent le potentiel de réduire les coûts énergétiques à long terme tout en créant une nouvelle filière industrielle et des emplois qualifiés. Pour soutenir ce mouvement, le consortium collabore avec l’Institut néerlandais de recherche fondamentale en énergie (DIFFER) pour accélérer le développement de la technologie des réacteurs modulaires (SMR, en anglais Small Modular Reactors).

Selon les projections, l’Union européenne pourrait tirer parti de cette technologie pour améliorer sa sécurité énergétique et réduire sa dépendance aux importations d’énergie fossile. De par leur conception modulaire, ces réacteurs peuvent également être déployés de manière plus flexible, répondant ainsi aux besoins énergétiques locaux spécifiques.

Conclusion : une énergie nucléaire sûre et durable

Le consortium néerlandais joue un rôle pivot dans l’avenir de la technologie des réacteurs à sel fondu. Ce projet ambitieux, qui s’inscrit au cœur de la transition énergétique, pourrait transformer le panorama énergétique européen par sa capacité à générer une électricité plus sûre, plus abordable et plus respectueuse de l’environnement. Cependant, pour réaliser pleinement ce potentiel, il est crucial de surmonter les défis techniques et réglementaires tout en intégrant cette technologie dans une démarche globale de réduction des émissions de CO2.

En somme, bien que les réacteurs à sel fondu nécessitent une phase de recherche et de validation rigoureuses, leurs bénéfices potentiels en termes de sécurité et d’efficacité les placent comme une des solutions possibles pour un avenir énergétique soutenable en Europe et au-delà.