Le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, et le président français, Emmanuel Macron, ont réaffirmé leur volonté de renforcer le partenariat stratégique entre leurs deux pays. Lors de la visite officielle de Tokaïev à Paris, des accords majeurs ont été signés, notamment dans les domaines de l’énergie, des minerais critiques et du nucléaire civil, marquant une nouvelle ère de coopération bilatérale.
Une relation stratégique renforcée
La relation entre la France et le Kazakhstan s’inscrit dans le cadre d’un partenariat stratégique bilatéral établi en 2008. Depuis, les deux chefs d’État ont multiplié les échanges diplomatiques. Cette nouvelle visite officielle fait suite à la visite d’Emmanuel Macron à Astana en 2023 et à celle de Tokaïev à Paris en 2022, témoignant de la régularité de leur dialogue.
Dans une déclaration conjointe, les deux présidents ont exprimé leur volonté de « profondir, étendre et diversifier les relations privilégiées » entre leurs deux pays. Cette ambition se traduit par la signature de 36 accords de coopération, dont 14 contrats commerciaux évalués à 2,2 milliards d’euros.
Le nucléaire, pilier central de la coopération énergétique
Le secteur de l’énergie, et en particulier le nucléaire, occupe une place prépondérante dans les discussions bilatérales. Premier producteur mondial d’uranium, le Kazakhstan joue un rôle clé dans l’approvisionnement énergétique de la France, qui dépend de ce minerai stratégique pour son parc nucléaire. À ce titre, la société française Orano, déjà partenaire de longue date via la coentreprise Katco avec la société kazakhe Kazatomprom, a renforcé sa coopération en signant un nouveau protocole d’entente sur la formation nucléaire.
Par ailleurs, le Kazakhstan a récemment validé par référendum la construction de sa première centrale nucléaire, un projet stratégique qui suscite l’intérêt de plusieurs acteurs internationaux, notamment EDF, Rosatom (Russie), CNNC (Chine) et KHNP (Corée du Sud). Lors de sa visite, Tokaïev a rencontré Luc Rémont, PDG d’EDF, pour discuter du rôle potentiel de l’entreprise française dans ce projet majeur. EDF figure sur la liste restreinte des fournisseurs possibles de la technologie nucléaire, ce qui pourrait renforcer la présence de la France au sein du futur consortium international envisagé par le Kazakhstan.
Accords sur les minerais critiques et la diversification énergétique
Outre le nucléaire, la France et le Kazakhstan ont signé une feuille de route sur les « minéraux critiques » pour la période 2024-2026. Ces matériaux, indispensables à la transition énergétique mondiale, sont essentiels pour la fabrication de batteries, de semi-conducteurs et de technologies vertes. Cette initiative, lancée à Astana lors de la visite d’Emmanuel Macron en 2023, vise à sécuriser l’accès de la France à ces ressources stratégiques.
Les dirigeants ont également convenu d’accroître la coopération dans les énergies renouvelables. EDF, en plus de son rôle potentiel dans le nucléaire, a proposé de nouveaux projets de production d’énergie verte au Kazakhstan, en s’appuyant sur l’expertise française en matière d’énergie solaire et éolienne.
Des secteurs de coopération élargis
Les secteurs d’avenir ne se limitent pas au nucléaire et aux minerais critiques. Les deux présidents ont mis l’accent sur la diversification de leur coopération bilatérale. Des accords ont été signés dans les domaines des transports, de l’industrie, de l’aérospatiale, de la santé et de la ville durable. Le groupe Alstom, déjà implanté au Kazakhstan depuis 2010, a signé un nouvel accord de partenariat avec les Chemins de fer kazakhs (KTZ) pour renforcer les solutions de fret par conteneurs via le Corridor Moyen reliant la Chine à l’Europe.
Dans le domaine de la santé, plusieurs accords ont été signés dans les secteurs de la protonthérapie, de l’imagerie médicale, de l’intelligence artificielle et des équipements hospitaliers. La réunion du Conseil des affaires franco-kazakhstanais (CAFK), organisée au Medef, a mis en lumière le renforcement de la coopération bilatérale dans ce domaine, en lien avec le ministère de la Santé du Kazakhstan.
Ouverture du bureau de l’Agence française de développement (AFD)
L’un des faits marquants de cette visite a été l’annonce de l’ouverture d’un bureau de l’Agence française de développement (AFD) au Kazakhstan. Cette décision ouvre la voie à des financements de projets dans des secteurs stratégiques tels que la gestion de l’eau, l’agriculture, la santé, la ville durable et la transition énergétique. Cette initiative vise à renforcer la coopération économique entre les deux pays et à favoriser l’essor de projets à fort impact environnemental et social.
Un contexte géopolitique sous haute tension
La visite de Tokaïev à Paris s’inscrit dans un contexte géopolitique tendu, marqué par la guerre en Ukraine et les rivalités d’influence en Asie centrale. Le Kazakhstan, frontalier de la Russie et de la Chine, cherche à diversifier ses alliances stratégiques pour renforcer sa souveraineté. La France se positionne comme un partenaire de choix pour le Kazakhstan, qui souhaite s’affranchir de la dépendance historique envers Moscou et Pékin.
Lors de leur rencontre, les présidents Tokaïev et Macron ont exprimé leur « sérieuse préoccupation » concernant la situation en Ukraine et ses conséquences humanitaires et économiques. Ils ont également affirmé leur soutien à la normalisation des relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, plaidant pour la signature rapide d’un traité de paix respectant l’intégrité territoriale des deux États, sur la base de la Déclaration d’Alma-Ata de 1991.
Perspectives et ambitions
À l’issue de cette visite, Kassym-Jomart Tokaïev a invité