Pourquoi 6 nouveaux pays misent sur le nucléaire après la COP29 ?

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À la COP29 de Bakou, l’énergie nucléaire n’a pas fait l’objet d’une reconnaissance explicite dans le texte final des accords. Pourtant, sur les marges de la conférence, six nouveaux pays ont rejoint l’ambitieuse Déclaration visant à tripler la capacité nucléaire mondiale d’ici 2050. Tandis que les négociations se concentrent déjà sur la COP30 au Brésil, les objectifs nucléaires nationaux et les engagements multilatéraux se renforcent, confirmant la place croissante de l’atome dans la transition énergétique mondiale.

Le rôle croissant de l’énergie nucléaire dans la lutte contre le changement climatique

Malgré l’absence de référence directe au nucléaire dans le texte final de la COP29, les signaux en faveur de l’atome se multiplient. L’an dernier, la COP28 avait introduit pour la première fois le nucléaire dans le cadre des « technologies d’atténuation » reconnues comme outils de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cette année, les discussions sur le nucléaire se sont principalement déroulées en marge de la conférence officielle, mais elles n’en ont pas été moins significatives.

Un événement clé de cette COP29 a été l’adhésion de six nouveaux pays — El Salvador, Kazakhstan, Kenya, Kosovo, Nigeria et Turquie — à la Déclaration de Triplement du Nucléaire d’ici 2050. Ce texte, lancé à la COP28, regroupe désormais 31 pays engagés à tripler la capacité nucléaire mondiale d’ici 2050. Cette alliance regroupe des nations de tous les continents, des grandes puissances industrielles aux pays en développement, montrant l’ampleur du soutien international croissant au nucléaire.

Des objectifs nationaux ambitieux

Les engagements nationaux en faveur du nucléaire se renforcent également. Les États-Unis, par exemple, ont dévoilé une feuille de route visant à atteindre 200 GW de capacité nucléaire d’ici 2050, avec un objectif intermédiaire de 35 GW de nouvelles capacités d’ici 2035. Cette stratégie repose sur neuf piliers, notamment l’optimisation de la production des réacteurs existants et la construction de réacteurs de grande et de petite puissance, y compris des petits réacteurs modulaires (SMR).

D’autres partenariats bilatéraux ont marqué la COP29. Les États-Unis et l’Ukraine ont officialisé une coopération sur les petits réacteurs modulaires, tandis que le Royaume-Uni et la Finlande ont également annoncé une collaboration dans ce domaine. Ces initiatives traduisent une volonté accrue de diversifier les sources d’énergie propre tout en renforçant la sécurité énergétique nationale.

Des enjeux financiers toujours cruciaux

Le financement de la transition énergétique est l’un des points de friction récurrents des COP. À la COP29, les pays ont convenu d’augmenter les financements climatiques en faveur des pays en développement. Si l’objectif initial visait 1 300 milliards USD par an d’ici 2035, l’accord final s’est limité à 300 milliards USD, avec la promesse de travailler à l’atteinte de l’objectif à long terme. Les contributions volontaires de certains pays en développement, notamment la Chine et l’Inde, ont été mentionnées pour la première fois.

Le soutien au nucléaire pourrait bénéficier de cette dynamique financière. En septembre 2024, lors de la New York Climate Week, quatorze des plus grandes institutions bancaires mondiales avaient déjà signalé leur soutien au triplement des capacités nucléaires mondiales. Cette convergence entre les acteurs publics et privés pourrait accélérer le déploiement du nucléaire dans les plans de financement climat.

Le compte à rebours vers la COP30

Alors que les regards se tournent vers la COP30 au Brésil, prévue en novembre 2025, les enjeux se précisent. Ce sommet marquera une étape importante avec l’évaluation des Contributions Déterminées au niveau National (CDN) des pays. Ces engagements volontaires définiront les actions que chaque nation s’engage à mener pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

Avec l’appui de 31 pays à la Déclaration de Triplement du Nucléaire et des objectifs nationaux ambitieux, il est probable que l’énergie nucléaire occupe une place plus centrale dans les discussions de la COP30. Les plans de transition énergétique des pays signataires devraient inclure des objectifs explicites de déploiement de nouvelles capacités nucléaires. De nombreux observateurs estiment que la COP30 pourrait être l’occasion de faire du nucléaire un pilier officiel de la transition climatique mondiale.

Vers un rôle élargi du nucléaire dans les stratégies climatiques mondiales

Bien que la COP29 n’ait pas mentionné le nucléaire dans son texte final, les avancées en coulisses sont indéniables. Avec l’ajout de six nouveaux signataires à la Déclaration de Triplement du Nucléaire et la multiplication des initiatives nationales et bilatérales, le rôle de l’énergie nucléaire devient de plus en plus central. Les enjeux financiers et les objectifs des Contributions Déterminées au niveau National (CDN) pour la COP30 pourraient enfin placer le nucléaire au cœur des stratégies climatiques mondiales.