Les récents bouleversements du paysage énergétique mondial ont mis en évidence la forte dépendance de l’Union européenne aux importations d’énergie. Bien que des progrès significatifs aient été réalisés dans certains domaines, notamment l’essor des énergies renouvelables, l’indépendance énergétique reste une faiblesse majeure du bloc européen. Selon l’Indice de souveraineté énergétique 2024 du Conseil européen des relations étrangères, l’UE affiche une note moyenne de 4,0 sur 10 en matière d’indépendance énergétique, révélant une vulnérabilité persistante malgré une réduction historique de sa dépendance au gaz russe.
Une dépendance énergétique toujours marquée
La guerre en Ukraine a accéléré la réduction des importations de gaz russe, qui sont passées de 40 % en 2021 à seulement 8 % en 2023. Toutefois, cette diminution a été largement compensée par des importations accrues en provenance des États-Unis et de la Norvège, plutôt que par une augmentation de la production nationale. Les États-Unis fournissent désormais 47,4 % du gaz naturel liquéfié et 17,1 % du pétrole importés par l’UE, tandis que la Norvège reste le principal fournisseur de gaz naturel (46,6 %).
Malgré ces efforts, la Russie conserve une part significative des approvisionnements, avec 17,3 % du gaz naturel et 17,7 % du gaz naturel liquéfié utilisés dans l’Union, soulignant la nécessité d’une diversification plus marquée des sources d’énergie.
Des progrès dans les énergies renouvelables
Dans le domaine des énergies propres, l’UE enregistre des progrès notables, avec une note moyenne de 8,1 en 2024, contre 7,3 l’année précédente. Les pays nordiques et baltes, ainsi que le Portugal, la Croatie et l’Autriche, dominent le classement, la Suède et le Danemark atteignant des scores parfaits de 10 sur 10. L’augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique contribue non seulement à réduire la dépendance aux combustibles fossiles, mais aussi à la décarbonisation du secteur électrique.
Les pays en retard
Certains pays, comme la République tchèque, Malte et la Pologne, affichent des scores inférieurs à 6,0, soulignant des efforts insuffisants pour adopter les énergies renouvelables à grande échelle. Ces écarts illustrent les disparités au sein de l’Union en matière de transition énergétique.
Efficacité énergétique et narration
En matière d’efficacité énergétique, l’UE enregistre un score moyen de 7,5, légèrement supérieur aux 7,3 de 2023. Si plusieurs pays, tels que la Finlande, la Roumanie et la Grèce, se distinguent avec des scores supérieurs à 9,0, d’autres, comme la Lituanie, peinent à dépasser un score de 4,4. Atteindre les objectifs climatiques ambitieux de 2030 nécessitera des efforts supplémentaires dans ce domaine.
En parallèle, la qualité de la narration autour de la souveraineté énergétique se renforce, avec une note moyenne de 6,9. Ce discours met l’accent sur l’urgence de diversifier les sources d’approvisionnement et d’accélérer la transition énergétique.
Classements et inégalités au sein de l’Union
Selon l’Indice de souveraineté énergétique 2024, la Finlande occupe la première place avec un score global de 8,8, suivie par l’Estonie et la Roumanie à 8,2. À l’autre extrémité, Malte, la Belgique, l’Irlande et la Lituanie figurent parmi les « retardataires », marqués par une forte dépendance aux importations d’énergie et des progrès limités dans les autres domaines.
Malgré ces écarts, l’invasion russe de l’Ukraine a été un catalyseur pour l’UE, qui a accéléré ses efforts de diversification des approvisionnements et augmenté la part des énergies renouvelables dans sa consommation énergétique.
Pays | Groupe | Indice | Propreté (Cl.) | Indépendance (In.) | Efficacité (Ef.) |
---|---|---|---|---|---|
Moyenne UE | Satisfaisant | 6.6 | 8.1 | 4.0 | 7.5 |
Finlande | Très bon | 8.8 | 9.5 | 7.8 | 9.4 |
Estonie | Bon | 8.2 | 9.1 | 8.3 | 8.3 |
Roumanie | Bon | 8.2 | 7.6 | 8.1 | 10.0 |
Danemark | Bon | 7.9 | 10.0 | 5.4 | 8.6 |
Suède | Bon | 7.7 | 10.0 | 7.9 | 6.2 |
Croatie | Bon | 7.5 | 9.5 | 4.9 | 8.5 |
Lettonie | Bon | 7.5 | 9.5 | 3.3 | 9.5 |
Slovénie | Bon | 7.4 | 8.2 | 5.9 | 8.7 |
Autriche | Satisfaisant | 6.9 | 9.7 | 4.5 | 6.1 |
France | Satisfaisant | 6.8 | 8.0 | 5.3 | 7.3 |
Grèce | Satisfaisant | 6.8 | 8.4 | 2.2 | 9.6 |
Espagne | Satisfaisant | 6.8 | 8.5 | 3.4 | 8.5 |
Portugal | Satisfaisant | 6.6 | 9.2 | 2.0 | 8.2 |
Pays-Bas | Satisfaisant | 6.5 | 8.1 | 2.5 | 8.4 |
République tchèque | Satisfaisant | 6.2 | 5.0 | 5.3 | 7.9 |
Slovaquie | Satisfaisant | 6.2 | 6.4 | 5.4 | 6.5 |
Italie | Satisfaisant | 6.1 | 6.7 | 1.9 | 9.2 |
Allemagne | Satisfaisant | 6.0 | 8.8 | 2.5 | 6.2 |
Luxembourg | Satisfaisant | 6.0 | 8.7 | 0.0 | 8.9 |
Chypre | Satisfaisant | 5.8 | 7.2 | 2.5 | 6.7 |
Pologne | Satisfaisant | 5.7 | 5.8 | 5.2 | 5.9 |
Hongrie | Satisfaisant | 5.6 | 6.6 | 2.8 | 7.2 |
Lituanie | En échec | 5.4 | 9.1 | 1.6 | 4.4 |
Bulgarie | En échec | 5.3 | 6.9 | 4.7 | 4.3 |
Irlande | En échec | 5.3 | 7.5 | 2.2 | 6.1 |
Belgique | En échec | 5.2 | 8.4 | 1.4 | 5.6 |
Malte | En échec | 4.6 | 5.3 | 1.8 | 5.6 |
Perspectives et défis
Avec une note globale moyenne de 6,6, en hausse par rapport à 6,1 en 2023, l’UE montre des signes encourageants, mais les défis restent nombreux. La dépendance aux combustibles fossiles importés et l’amélioration de l’efficacité énergétique sont des priorités clés pour atteindre les objectifs climatiques de 2030 et la neutralité carbone d’ici 2050.
Pour aller de l’avant, une coopération renforcée entre les États membres et des investissements massifs dans les énergies renouvelables seront indispensables pour surmonter ces obstacles et garantir une souveraineté énergétique durable pour l’Union européenne.