Le groupe énergétique français Engie a annoncé la liquidation complète d’EVBox, sa filiale néerlandaise spécialisée dans les infrastructures de recharge pour véhicules électriques (VE). Avec des pertes accumulées de 800 millions d’euros depuis son acquisition en 2017, Engie a décidé de mettre un terme à l’activité, entraînant la suppression de la quasi-totalité des 700 postes répartis entre les Pays-Bas, l’Allemagne, les États-Unis et la France. Seulement une trentaine d’emplois devraient être préservés, tandis qu’environ 100 salariés pourraient bénéficier d’un reclassement temporaire.
Des pertes colossales et une tentative de sauvetage avortée
Malgré une tentative de mise en bourse avortée en 2021 et des mois de recherche pour trouver un repreneur, Engie a finalement décidé d’abandonner EVBox. Deux offres de rachat avaient été reçues, mais jugées insuffisantes. En revanche, l’usine de Bordeaux, modernisée en 2018 pour produire des bornes de recharge rapide, a été cédée à un acheteur non identifié, probablement la Financière du Pessac. Cette vente constitue l’un des rares actifs récupérés par Engie.
Un marché en pleine expansion, mais sous pression
Lors de son acquisition par Engie, EVBox était perçue comme une entreprise prometteuse dans un marché en forte croissance. Cependant, plusieurs facteurs ont contribué à son échec : une concurrence accrue, des surcapacités de production et une demande en deçà des prévisions initiales. La situation a été aggravée par l’introduction de réglementations européennes, comme l’AFIR, qui impose des investissements coûteux, notamment l’installation de terminaux de paiement sur les bornes rapides.
Quid des bornes de recharge existantes ?
Avec plus de 550 000 points de charge installés dans le monde et 20 000 clients professionnels, la liquidation d’EVBox soulève des questions sur la maintenance des bornes existantes. Pour répondre à cette problématique, Engie envisage de créer une filiale aux Pays-Bas afin d’assurer le service après-vente et de respecter ses engagements envers les clients. Cette filiale pourrait également permettre le reclassement temporaire de certains employés.
Un secteur sous tension
Le secteur des bornes de recharge a connu un essor fulgurant ces dernières années, mais il est désormais confronté à des défis structurels. Outre les nouvelles réglementations qui alourdissent les coûts, de nombreux acteurs du marché ont vu les aides publiques diminuer, tandis que la demande ne s’est pas développée aussi rapidement que prévu dans certains pays. En juillet dernier, un autre acteur du secteur, l’autrichien EnerCharge, a dû déposer le bilan avant d’être racheté par Keba.
Engie poursuit sa stratégie avec Vianeo
Malgré cet échec, Engie ne renonce pas à ses ambitions dans le domaine de la recharge électrique. Le groupe poursuit le développement de sa marque Vianeo, lancée en 2023, avec l’objectif de déployer 12 000 points de charge en France d’ici 2025, destinés aux véhicules légers et poids lourds. En se concentrant sur des partenariats avec les collectivités, entreprises et gestionnaires de flotte, Engie espère mieux aligner ses activités de recharge avec son cœur de métier énergétique.
Un tournant pour l’industrie des infrastructures de recharge
La fermeture d’EVBox illustre les défis auxquels est confrontée l’industrie des infrastructures de recharge. Alors que le marché mondial des VE continue de croître, les entreprises doivent naviguer dans un environnement complexe, marqué par des réglementations strictes, une concurrence intense et des attentes élevées en matière d’innovation et de rentabilité. Pour les grands groupes comme Engie, l’avenir semble passer par une réorientation stratégique vers des activités plus ciblées et durables.