La demande mondiale d’électricité s’envole pour l’IA et les VE

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Demande mondiale d'électricité s'envole grâce à l'IA et aux VE
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La consommation mondiale d’électricité s’emballe à un rythme inédit, portée par l’essor de l’intelligence artificielle et des véhicules électriques, au point de doubler les projections antérieures. D’ici 2030, cette demande grimpera de 4 % par an en moyenne, équivalant à l’ajout de la capacité électrique totale du Japon chaque année. Face à cette pression, les réseaux existants craquent, forçant une modernisation accélérée des infrastructures pour soutenir la transition énergétique.


À retenir

  • La consommation mondiale d’électricité croîtra de 4 % par an d’ici 2030, contre 2,5-3 % auparavant.
  • L’IA et les véhicules électriques tirent 85 % de la hausse en Asie d’ici 2027.
  • Les centres de données doubleront leur consommation à 945 TWh d’ici 2030.
  • L’Union européenne nécessite 584 milliards d’euros d’investissements dans les réseaux d’ici 2030.
  • La France prévoit 200 milliards d’euros pour moderniser ses réseaux d’ici 2040.
  • Les centrales électriques virtuelles émergent pour gérer l’intermittence des renouvelables.

Cette flambée de la demande électrique n’est pas un simple à-côté de la numérisation : elle redessine les contours de la transition énergétique en imposant une urgence pragmatique. Pour les acteurs publics et privés en Europe, c’est un signal clair : investir massivement dans des infrastructures résilientes pour éviter congestions et pannes, tout en intégrant renouvelables et stockage. L’enjeu est double, économique et environnemental, car cette croissance dope la décarbonation si elle s’appuie sur des réseaux intelligents, mais risque de freiner la sobriété si les investissements patinent.

La demande électrique explose, tirée par deux géants numériques

Cette accélération post-stagnation marque un tournant pour l’électricité mondiale. Après une décennie de croissance molle à 2,5-3 % par an, la consommation bondit vers 4 % annuels d’ici 2030, selon l’AIE. Cette hausse équivaut à ajouter la capacité électrique du Japon chaque année, un ordre de grandeur qui bouscule les prévisions.

L’accélération mondiale et ses disparités régionales

L’Asie, avec la Chine et l’Inde, captera 85 % de l’augmentation de la demande d’ici 2027, dopée par l’industrie lourde comme l’acier et la chimie. En Chine, la consommation a grimpé de 6,8 % en 2024, avant de se tasser à 5 % par an, boostée aussi par le cloud computing. Aux États-Unis, elle passera de 4 000 TWh stagnants à près de 4 500 TWh annuels d’ici 2030.

Cette dynamique inégale creuse les écarts : l’Europe suit à un rythme plus modéré, mais subit déjà les répercussions globales sur les prix et les approvisionnements. Les régions émergentes intègrent plus vite les véhicules électriques, tandis que l’Occident mise sur la numérisation. Résultat, la transition énergétique devient un enjeu géopolitique, avec une dépendance accrue aux importations de matériaux critiques.

Les catalyseurs : IA et véhicules électriques au cœur du boom

Les deux moteurs principaux sont l’intelligence artificielle et les véhicules électriques, qui multiplient les usages intensifs. L’entraînement des modèles d’IA nécessite des centres de données voraces, tandis que les VE généralisent la recharge domestique et publique. Ensemble, ils pourraient représenter une part croissante des TWh totaux, forçant une révision des stratégies de production.

En Europe, cette demande localisée accentue les congestions locales, comme en Irlande où les data centers avalent déjà 20 % de la consommation nationale. Pour la France, cela implique d’anticiper via RTE et Enedis, qui prévoient des adaptations pour éviter les pics synchrones. Pragmatiquement, ces tendances exigent une sobriété ciblée, sans renoncer à l’innovation.

Demande mondiale d’électricité : IA et VE accélèrent la consommation

Les data centers, nouveaux poids lourds de la consommation

Les centres de données émergent comme les grands consommateurs de l’ère numérique, redéfinissant les priorités des réseaux électriques. Leur consommation globale devrait plus que doubler à 945 TWh d’ici 2030, un volume équivalent à la production électrique de l’Allemagne actuelle. L’IA générative en est le carburant principal, contribuant à 60 % de la croissance jusqu’en 2028.

L’impact mesuré en térawattheures et sa géographie

Aux États-Unis, ces installations pourraient capter entre 6 et 12 % de la consommation électrique d’ici 2028, contre 4,4 % en 2023. En Virginie, elles absorbent déjà 25 % de l’électricité locale, créant des tensions sur les transformateurs et pylônes. L’Europe voit sa part à 15 % en 2024, mais les hyperscalers comme Google, Microsoft, Amazon et Meta généreront 70 % de la demande d’ici 2028.

Cette concentration géographique amplifie les risques : en Chine, 25 % des data centers alimentent le boom industriel, tandis que l’UE lutte contre la saturation. Les TWh supplémentaires exigent une infrastructure renforcée, avec des HVDC pour transporter l’énergie sur de longues distances. Sans cela, la décarbonation patine, car les renouvelables intermittents peinent à suivre.

Les stratégies des hyperscalers face aux contraintes

Les hyperscalers investissent massivement : Meta alloue 65 milliards de dollars en 2025, soit environ 55,9 milliards d’euros, pour des projets d’IA. Ils négocient des interconnexions prioritaires, mais craignent que la moitié des nouveaux serveurs n’ait pas d’alimentation d’ici 2027. En Europe, cela pousse à des partenariats avec des opérateurs comme RTE pour intégrer stockage et flexibilité.

Ces géants adoptent aussi des mesures d’efficacité, comme l’IA pour optimiser la charge des serveurs. Pourtant, leur expansion questionne la durabilité : sans régulation, ils pourraient freiner les crédits d’impôt pour les ménages. Le pragmatisme impose un équilibre, en favorisant les smart grids pour une gestion partagée.

Data centers : nouveaux poids lourds de la consommation électrique

Modernisation des réseaux : un chantier sous haute tension

Les infrastructures électriques actuelles, conçues pour une ère stable, ploient sous cette demande explosive, imposant une refonte urgente. Une panne majeure en Espagne et au Portugal en avril 2025 a révélé la fragilité, avec des blackouts touchant des millions d’usagers. L’UE alerte sur ses 11,3 millions de kilomètres de lignes vétustes, nécessitant 584 milliards d’euros d’ici 2030.

Les défis structurels et les freins à l’action

Les délais d’interconnexion atteignent trois à quatre ans pour le solaire, l’éolien et le stockage, congestionnant les réseaux. Les pics de recharge des VE et le fonctionnement continu des data centers surchargent les transformateurs, aggravés par l’intermittence des énergies renouvelables. En Europe, la pénurie de cuivre, aluminium et lithium, couplée à un manque de main-d’œuvre qualifiée, ralentit les chantiers.

Les freins réglementaires persistent : octroi de permis lent et adhésion publique limitée bloquent les extensions de pylônes. La Cour des comptes européenne pointe un déficit d’investissements, avec des processus qui freinent la sécurité des approvisionnements. Contrepoint : certains experts arguent que cette urgence masque un surinvestissement potentiel, risquant des bulles spéculatives si la demande d’IA ralentit, mais les faits chiffrés de l’AIE contredisent ce scepticisme en soulignant la croissance inexorable.

Les solutions : investissements et innovations décentralisées

La France engage 200 milliards d’euros d’ici 2040, dont 100 milliards par RTE pour 40 000 km de lignes haute tension et 400 postes. Enedis alloue 3,6 milliards d’euros à la résilience climatique. Au niveau UE, les plans visent 1 871 milliards d’euros d’ici 2050, potentiellement jusqu’à 2 294 milliards pour couvrir les besoins réels.

Les piliers incluent une renaissance nucléaire, avec 20 pays visant à tripler la capacité d’ici 2050, et le gaz naturel comme transition. Les HVDC d’ABB et Siemens Energy forment des autoroutes électriques, tandis que le stockage de Tesla gère les 700 GW d’éolien et solaire installés en 2024. Les centrales électriques virtuelles agrègent panneaux solaires résidentiels et batteries domestiques, transformant les consommateurs en acteurs de la flexibilité. Cette décentralisation renforce l’adaptabilité, en intégrant l’IA pour prédire les congestions et optimiser les flux.

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