L’IA et les centres de données redessinent les besoins en électricité

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Le boom des centres de données et de l’intelligence artificielle (IA) est en train de redéfinir les enjeux énergétiques à l’échelle mondiale. Alors que les investissements dans ces infrastructures atteignent des sommets, les impacts sur la demande en électricité et les défis qui en découlent pour le secteur énergétique deviennent de plus en plus évidents. Cet article explore ces tendances, leurs implications et les opportunités pour les acteurs de l’énergie.

Une croissance exponentielle des centres de données

Les centres de données connaissent une expansion rapide, alimentée par la numérisation croissante et l’adoption de l’IA. Aux États-Unis, les investissements dans la construction de centres de données ont doublé en deux ans, représentant environ 0,5 % du PIB américain en 2023, dépassant les dépenses de l’ensemble de l’industrie pétrolière et gazière. Ces installations, en particulier les centres hyperscales, consomment jusqu’à 100 MW ou plus, ce qui équivaut à la consommation électrique annuelle de 350 000 à 400 000 véhicules électriques.

À l’échelle mondiale, les centres de données représentent environ 1 % de la consommation d’électricité, un chiffre qui pourrait croître de manière significative avec la montée en puissance de l’IA et des technologies numériques.

Des impacts localisés mais conséquents

Si la contribution globale des centres de données à la demande énergétique reste modérée, leur concentration géographique peut entraîner des pressions importantes sur les réseaux locaux. Par exemple, en Irlande, ils représentent plus de 20 % de la consommation électrique nationale. Ce phénomène pose des défis pour l’équilibre des réseaux électriques, notamment dans des régions où l’expansion des infrastructures énergétiques peine à suivre le rythme des constructions de centres de données.

IA et efficacité énergétique : des progrès mais des incertitudes

La technologie elle-même évolue vers une meilleure efficacité énergétique. Les puces informatiques dédiées à l’IA consomment aujourd’hui 99 % moins d’énergie qu’en 2008 pour effectuer des calculs similaires. De nouvelles solutions, comme les systèmes de refroidissement avancés, contribuent également à réduire l’empreinte énergétique des centres de données. Cependant, l’adoption rapide de l’IA, notamment des modèles génératifs, augmente la demande de calcul intensif, ce qui risque de contrebalancer ces gains d’efficacité.

Des projections énergétiques complexes

Les projections restent difficiles à établir en raison de plusieurs facteurs :

  • L’incertitude sur la vitesse et les usages spécifiques de l’IA.
  • Les limites de transparence sur la performance énergétique des centres de données.
  • Les contraintes physiques, comme la capacité des réseaux électriques et la production de puces.

Opportunités et défis pour le secteur de l’énergie

La montée en puissance des centres de données offre des opportunités importantes pour les investisseurs dans les infrastructures énergétiques :

  • Accès à l’énergie : Investir dans le développement des réseaux de transport et de distribution pour soutenir la croissance des centres de données.
  • Équipements énergétiques : Soutenir l’innovation dans les équipements critiques comme les transformateurs et les générateurs.
  • Main-d’œuvre : Répondre à la pénurie de travailleurs qualifiés dans les domaines électriques et mécaniques, essentielle pour accélérer les projets.

En revanche, les contraintes sur les réseaux électriques, les délais pour développer les infrastructures et les objectifs de durabilité constituent des défis majeurs. Par exemple, les engagements de neutralité carbone des grands acteurs de l’IA, tels que les « hyperscalers », sont parfois freinés par le manque d’accès à une énergie renouvelable suffisante.

Un avenir incertain mais prometteur

Les centres de données et l’IA ont le potentiel de transformer les systèmes énergétiques, en accélérant l’innovation dans les énergies propres et en optimisant la gestion des réseaux électriques. Cependant, atteindre cet objectif nécessite une coopération accrue entre les secteurs public et privé pour anticiper et répondre aux besoins énergétiques croissants.

La Conférence mondiale sur l’énergie et l’IA, prévue en décembre à Paris, offrira une plateforme pour initier ces discussions. Avec des investissements ciblés et une planification rigoureuse, le secteur de l’énergie peut non seulement répondre à ces nouvelles demandes, mais aussi tirer parti de cette révolution numérique pour construire un avenir durable.