Ce mois-ci, le Royaume-Uni franchit une étape historique en fermant sa dernière centrale électrique à charbon en activité, marquant ainsi une avancée majeure dans la réduction de ses émissions de CO2. Autrefois précurseur dans l’utilisation du charbon pour produire de l’électricité, ce pays s’apprête désormais à éliminer cette source d’énergie polluante de son réseau électrique.
Fermeture de la dernière centrale à charbon du Royaume-Uni
À la fin du mois de septembre, le Royaume-Uni procédera à la fermeture de la centrale de Ratcliffe-on-Soar, dernière centrale à charbon encore opérationnelle. Cette décision symbolise la transformation impressionnante du pays, autrefois fortement dépendant du charbon pour sa production d’électricité, vers des sources d’énergie plus propres et renouvelables. Le premier central à charbon au monde avait vu le jour à Londres en 1882. Pendant plus d’un siècle, la combustion de charbon est restée la principale méthode de production d’électricité dans le monde, un statut qu’elle conserve encore aujourd’hui dans de nombreux pays.
Une pression croissante contre le charbon
Le charbon est aujourd’hui confronté à une pression considérable de la part des scientifiques, des militants et des régulateurs en raison de son impact sur l’environnement. Ce combustible émet nettement plus de dioxyde de carbone que le gaz naturel lors de sa combustion. Par ailleurs, l’essor des énergies propres et abordables a profondément changé les perspectives économiques du charbon, rendant de plus en plus difficile de justifier son utilisation.
Cette fragilité économique, accentuée par les régulations environnementales strictes, a contribué à l’élimination progressive du charbon du réseau britannique. Le Royaume-Uni s’est fixé l’objectif ambitieux de retirer totalement le charbon de son mix énergétique d’ici le début du mois d’octobre.
Un tournant énergétique porté par l’éolien
Ce changement radical a été rendu possible en grande partie grâce à l’engagement du Royaume-Uni envers l’énergie éolienne, qu’elle soit terrestre ou offshore. Au cours de la dernière décennie, l’énergie éolienne a connu une croissance spectaculaire dans le pays, passant de 8 % de la production électrique en 2013 à 29 % en 2023. Pendant ce temps, la part du charbon dans la production d’électricité s’est effondrée, chutant de 36 % en 2013 à seulement 1 % en 2022, pour finalement devenir presque inexistante cette année.
Baisse de la demande en électricité
Cette transition énergétique s’inscrit dans un contexte de diminution de la demande en électricité au Royaume-Uni. En 2023, la consommation d’électricité dans le pays était inférieure de 17 % par rapport à 2013, selon l’organisation Ember. Plusieurs facteurs expliquent cette baisse : l’utilisation d’appareils plus économes en énergie, la hausse des prix du gaz naturel et la réduction des activités industrielles à forte intensité énergétique au profit d’une économie de services. Cette tendance à la baisse se poursuit, même avec l’adoption croissante de pompes à chaleur et de véhicules électriques.
Un secteur électrique en pleine décarbonation
Grâce à cette transition vers un réseau électrique à faible émission de carbone et à la diminution de la demande, les émissions de CO2 du secteur électrique britannique ont chuté de manière spectaculaire. Le Royaume-Uni a ainsi réduit ses émissions globales à leur plus bas niveau depuis 1879, soit trois ans avant l’ouverture de la première centrale à charbon.
La suite : remplacer le gaz fossile
Malgré ces progrès, le gaz fossile demeure la principale source d’électricité au Royaume-Uni. Si le pays est parvenu à se défaire d’une source d’énergie polluante, il lui reste désormais à poursuivre cet effort en éliminant le gaz pour atteindre son objectif de décarbonisation complète du réseau d’ici 2035.