Le consortium mené par TotalEnergies a été désigné lauréat du plus grand projet d’énergie renouvelable en France, un parc éolien en mer de 1,5 gigawatt au large de la Normandie. Attribué fin septembre 2025 par le Ministère de l’Industrie et de l’Énergie, ce projet d’une valeur de 4,5 milliards d’euros vise à produire 6 térawattheures par an, assez pour alimenter plus d’un million de foyers. Malgré le retrait annoncé de son partenaire RWE, TotalEnergies confirme sa poursuite, marquant un jalon dans la transition énergétique nationale.
À retenir
- Parc éolien en mer Centre Manche 2 (AO8) de 1,5 GW, situé à plus de 40 km des côtes normandes.
- Production estimée à 6 TWh/an, pour l’équivalent de plus d’un million de foyers.
- Investissement total de 4,5 milliards d’euros, avec décision finale en 2029 et production dès 2033.
- 2 500 emplois pendant la construction, et 500 000 heures pour l’insertion professionnelle.
- Engagements environnementaux : 45 millions d’euros pour impacts, 15 millions pour la biodiversité, recyclage à 95 % minimum.
- Tarif de vente fixé à 66 euros par MWh, compétitif pour l’électricité verte.
Ce projet éolien offshore, le plus ambitieux jamais lancé en France, illustre l’accélération de la transition énergétique au cœur de l’actualité politique et industrielle. Attribué alors que le gouvernement était en démission, il répond à l’urgence de la sécurité énergétique post-crise ukrainienne, tout en soutenant les objectifs nationaux de 45 GW d’éolien en mer d’ici 2050. Pour les acteurs locaux en Normandie, les entreprises européennes et les ménages français, il promet des retombées économiques concrètes et une réduction des émissions de CO2, sans pour autant occulter les défis de la concertation et des partenariats instables. Cette attribution, survenue le 24 ou 25 septembre 2025, renforce la position de TotalEnergies comme pilier de la décarbonation, au moment où l’Europe cherche à diversifier ses sources d’énergie renouvelable.
Ampleur et chronologie du projet Centre Manche 2
Le parcours de ce parc éolien en mer s’inscrit dans une série d’appels d’offres lancés par l’État pour densifier l’éolien offshore en France. Initialement formé avec l’allemand RWE, le consortium de TotalEnergies a devancé les concurrents comme EDF Renouvelables et Maple Power lors de l’AO8.
Désignation du lauréat et cadre réglementaire
Le Ministère de l’Industrie et de l’Énergie a officialisé la victoire du consortium fin septembre 2025, dans un contexte gouvernemental transitoire. Ce choix repose sur des critères stricts, incluant l’approvisionnement en turbines et câbles auprès de fournisseurs européens. Le site, au large du Calvados et de la Baie de Seine, prolonge le projet voisin Centre-Manche 1 de 1 GW, développé par EDF Renouvelables.
La proximité avec ce parc existant optimise les infrastructures de raccordement gérées par RTE, le Réseau de Transport d’Électricité. Cette décision accélère la montée en puissance des capacités nationales, passant à près de 7,8 GW cumulés en développement. Pour TotalEnergies, opérateur désigné, cela marque un investissement sans précédent sur le sol français.
Investissement et calendrier de mise en œuvre
L’enveloppe financière atteint 4,5 milliards d’euros, que le PDG Patrick Pouyanné qualifie de plus important depuis des décennies pour le groupe.
« Il s’agit du plus gros investissement de la compagnie en France depuis des décennies. »
Déclaration de Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies.
La décision finale d’investissement (FID) est prévue début 2029, alignée sur les délais de RTE. La production d’électricité démarrera en 2033, après trois années de construction intensive. Ce rythme, calé sur les contraintes techniques des fondations posées en mer, assure une intégration progressive au réseau.

Le retrait de RWE et ses implications
Malgré la victoire commune, RWE a annoncé son retrait suite à une revue stratégique de ses priorités mondiales. Ce désengagement, survenu après l’attribution, laisse TotalEnergies en position d’opérateur unique, avec l’option d’intégrer un nouveau partenaire sous contrôle des autorités françaises. Cette instabilité souligne les risques des alliances internationales dans l’éolien offshore, où les coûts élevés et les délais longs exigent une stabilité financière.
Le tarif de vente fixé à 66 euros par MWh reste attractif, favorisant la compétitivité de l’électricité renouvelable face aux sources fossiles. Cette clause contractuelle protège le projet des fluctuations de marché. Néanmoins, le retrait de RWE pourrait compliquer le financement, obligeant TotalEnergies à mobiliser ses propres ressources pour maintenir le calendrier.
Enjeux locaux et stratégiques en Normandie
Implanté en mer au-delà de 40 kilomètres des côtes, le projet Centre Manche 2 vise à équilibrer croissance industrielle et préservation environnementale, avec une attention particulière aux acteurs normands.
Retombées économiques et emploi en région
La Normandie bénéficiera d’un effet d’entraînement majeur, avec jusqu’à 2 500 emplois mobilisés pendant la phase de construction sur trois ans. Un engagement de 500 000 heures de travail cible les apprentis et les personnes en insertion, soutenant la formation locale dans les métiers de l’énergie marine. TotalEnergies priorise les fournisseurs européens pour les éoliennes et câbles, boostant le tissu économique régional.
Une équipe dédiée en Normandie gère la concertation avec les pêcheurs professionnels, pour éviter les conflits d’usage en mer. Un fonds territorial de 10 millions d’euros financera des initiatives en formation, éducation et culture. Par ailleurs, un mécanisme de financement participatif ouvrira l’investissement aux habitants et collectivités, renforçant l’ancrage local.

Engagements environnementaux et durabilité
Pour minimiser les impacts, TotalEnergies alloue 45 millions d’euros à des mesures d’évitement, réduction et compensation, couvrant bruit sous-marin et perturbations aviaires. Un fonds spécifique de 15 millions d’euros promotionnera la biodiversité normande, via des projets de restauration d’écosystèmes marins.
Sur le recyclage, l’entreprise vise plus de 95 % pour les pales, mâts et nacelles, et 100 % pour les aimants des génératrices, aligné sur les normes circulaires européennes. Ces mesures répondent aux préoccupations sociétales autour de l’éolien offshore, souvent critiqué pour ses effets cumulés sur la faune. La coexistence avec la pêche, via des zones dédiées, illustre une approche pragmatique de la transition.
Positionnement de TotalEnergies dans la transition
Ce gain consolide la stratégie de TotalEnergies, qui ambitionne 20 % d’énergie renouvelable en 2030, doublant sa part actuelle. En France, le groupe figure déjà dans le top 3 des producteurs verts avec plus de 2 GW installés. Son portefeuille mondial atteint 25 GW en éolien offshore posés, de l’Allemagne aux États-Unis.
Ce projet contribue directement à la réduction des émissions de CO2, en remplaçant des térawattheures de production fossile. Il renforce la souveraineté énergétique française, au moment où l’Europe accélère ses investissements verts. Pour les Normands, il ouvre des perspectives durables, tout en testant la résilience des chaînes d’approvisionnement européennes.










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