Les relations commerciales entre l’Union européenne et la Chine se tendent autour de l’industrie des véhicules électriques (VE). Alors que les ventes de VE chinois en Europe atteignent des niveaux records, Pékin demande à ses constructeurs automobiles de ralentir leurs projets d’expansion dans l’UE en réponse aux nouvelles taxes d’importation prévues pour novembre.
Un marché européen sous tension
Septembre 2024 a marqué le deuxième meilleur mois pour les ventes de VE chinois en Europe, avec 60 517 unités vendues, un chiffre seulement dépassé par octobre 2023. Cependant, l’Union européenne a décidé d’augmenter les droits de douane sur ces véhicules, atteignant jusqu’à 45 % pour certains modèles. Cette décision vise à contrer les subventions jugées déloyales accordées par Pékin à ses fabricants.
Face à ces mesures, la Chine a commencé à exercer des pressions sur ses propres constructeurs pour qu’ils réduisent leurs efforts d’expansion en Europe. Bien que ces recommandations ne soient pas obligatoires, elles reflètent l’inquiétude de Pékin concernant l’impact économique des nouvelles taxes.
Les constructeurs chinois divisés
Malgré les directives gouvernementales, certains constructeurs chinois, tels que le groupe GAC, ont confirmé leur intention de poursuivre leurs projets en Europe. GAC recherche actuellement un site pour construire une usine sur le continent, tandis que BYD a déjà investi dans une usine en Hongrie, qui devrait être opérationnelle l’année prochaine. De son côté, SAIC, propriétaire de la marque MG, explore également des opportunités de production en Europe.
D’autres acteurs, comme Chery, ont décidé de repousser leurs projets, notamment le lancement de la production dans leur usine espagnole à Barcelone, reporté à 2025. Dongfeng Motor a annulé ses plans pour s’implanter en Italie, citant les tensions commerciales comme principal obstacle.
Impact des tarifs européens
Les nouvelles taxes d’importation s’ajouteront à un droit de douane existant de 10 %, portant le total à 45 % pour certains véhicules. Ces mesures, qui varient selon les constructeurs, visent à ajuster les prix des VE chinois que l’UE considère comme artificiellement bas en raison des subventions publiques. Cette décision pourrait rendre les véhicules chinois moins compétitifs face aux marques européennes.
En réponse, Pékin étudie la possibilité d’imposer ses propres restrictions sur les exportations européennes, touchant potentiellement des secteurs tels que les produits laitiers, le porc ou l’automobile.
Un marché toujours attractif
Malgré les tensions, l’Europe reste un marché stratégique pour les fabricants chinois, en raison des prix plus élevés qu’ils peuvent y pratiquer par rapport à leur marché intérieur, où une guerre des prix fait rage. En outre, certains pays européens, comme la Turquie, offrent des opportunités d’investissement grâce à des accords douaniers favorables qui permettent d’éviter les taxes d’importation.
Une bataille commerciale en évolution
Les négociations entre l’UE et la Chine se poursuivent pour trouver une alternative aux tarifs douaniers, comme l’instauration de prix minimums pour les VE importés. Cependant, aucun accord n’est imminent selon les responsables européens. Pendant ce temps, les constructeurs chinois doivent jongler entre les pressions politiques de Pékin et leurs ambitions commerciales en Europe.
La situation reflète une lutte plus large pour la domination du marché mondial des véhicules électriques, avec des enjeux stratégiques pour les deux blocs économiques. L’issue de cette confrontation déterminera probablement l’avenir des relations commerciales entre l’UE et la Chine dans le secteur automobile.