En moins de deux ans, Xiaomi a transformé son ambition automobile en une réalité industrielle, avec des ventes records en Chine et une expansion annoncée vers l’Europe d’ici 2027. Le YU7, son SUV électrique premium, défie déjà les géants établis comme Tesla et NIO avec des performances techniques et un rapport qualité-prix qui bousculent les codes du marché. Mais entre taxes à l’importation et capacité de production limitée, le constructeur chinois devra surmonter des obstacles majeurs pour s’imposer sur le Vieux Continent.
À retenir
- 258 000 exemplaires de la berline SU7 vendus en 14 mois, propulsant Xiaomi Auto parmi les constructeurs à la croissance la plus rapide en Chine.
- 300 000 réservations pour le YU7 en 18 heures, dont 240 000 dès son dévoilement en juin 2025.
- Autonomie record de 835 km (CLTC) pour la version standard, grâce à une batterie LFP de 96,3 kWh et une architecture 800V.
- Prix de départ estimé à 32 000–34 000 € en Chine, contre 46 990 € pour une Tesla Model Y.
- Lancement européen prévu pour 2027, sous réserve des contraintes liées aux taxes à l’importation.
- Technologies clés : lidar 128 faisceaux, SoC Snapdragon 8 Gen 3, et moteur HyperEngine V6s Plus (jusqu’à 22 000 tr/min).
Le YU7 incarne la stratégie agressive de Xiaomi : combiner des technologies premium, une autonomie record et des tarifs disruptifs pour conquérir le marché des véhicules électriques. Alors que l’Europe accélère sa transition énergétique, avec un objectif de zéro émission nette d’ici 2050 et une interdiction des moteurs thermiques neufs à partir de 2035, l’arrivée de ce SUV pourrait rebattre les cartes. Pour les consommateurs, l’enjeu est double : accéder à des performances haut de gamme à moindre coût, tout en évaluant la durabilité et l’adaptabilité de ces nouveaux acteurs face aux géants historiques. Cet équilibre entre innovation, sobriété économique et efficacité énergétique fera du YU7 un cas d’étude pour la transition automobile européenne.
Un déploiement européen ambitieux, mais semé d’embûches
Le constructeur chinois a confirmé son intention de commercialiser ses véhicules en Europe d’ici 2027, avec une phase préparatoire déjà en cours. Une image teaser d’une SU7 immatriculée avec des plaques allemandes a d’ailleurs filtré, suggérant des tests en conditions réelles. Pourtant, deux défis majeurs se dressent sur sa route : les taxes à l’importation et la capacité de production.
Des taxes qui pourraient rogner l’avantage prix
En juillet 2024, la Commission européenne a imposé des droits de douane provisoires allant jusqu’à 38,1 % sur les véhicules électriques chinois, accusés de bénéficier de subventions déloyales. Si ces mesures étaient pérennisées, le prix du YU7 en Europe pourrait dépasser les 40 000 €, réduisant son attractivité face à une Tesla Model Y (46 990 €) ou une NIO ET5 (à partir de 43 900 €). Lei Jun, PDG de Xiaomi, a cependant indiqué explorer des partenariats locaux pour contourner partiellement ces contraintes, sans préciser de détails.
Une demande qui dépasse l’offre
En Chine, le succès commercial du YU7 a créé un goulet d’étranglement : avec 300 000 réservations en 18 heures, les délais de livraison s’étendent de 6 à 12 mois. Xiaomi Auto a généré plus de 2 milliards de livres sterling de revenus au dernier trimestre (août 2025), mais sa capacité de production actuelle — estimée à 100 000 unités annuelles — limite son expansion. Pour l’Europe, cela signifie un lancement progressif, probablement réservé aux marchés les plus porteurs comme l’Allemagne, la France ou les Pays-Bas.
Chronologie clé du déploiement
| Étape | Date | Détails |
|---|---|---|
| Lancement en Chine | Décembre 2024 (teasing) / Juin 2025 (ventes) | 258 000 SU7 vendues en 14 mois ; 300 000 réservations pour le YU7. |
| Préparation Europe | 2025–2026 | Tests homologation, recherche de partenariats locaux, adaptation aux normes UE. |
| Lancement européen | 2027 (prévision) | Priorité aux marchés premium ; prix et gammes à confirmer. |

Des performances techniques qui redéfinissent le segment premium
Le YU7 se distingue par une architecture 800V en carbure de silicium, une première pour un SUV grand public. Cette technologie, couplée à des batteries LFP ou NCM, lui permet d’atteindre des autonomies records — 835 km en cycle CLTC pour la version standard — et une recharge ultra-rapide : 620 km récupérés en 15 minutes.
Un moteur HyperEngine pour des accélérations dignes d’une supercar
Le cœur du YU7 bat grâce au moteur HyperEngine V6s Plus, capable de monter jusqu’à 22 000 tr/min. Trois versions sont proposées :
- Standard (RWD) : 320 ch (235 kW), 0–100 km/h en 5,88 s.
- Pro (AWD) : 508 ch (375 kW), 0–100 km/h en 4,27 s.
- Max (AWD) : 690 ch (507 kW), 0–100 km/h en 3,2 s, vitesse max de 253 km/h.
Pour comparaison, une Tesla Model Y Performance affiche 394 ch et un 0–100 km/h en 3,7 s, mais avec une autonomie inférieure (565 km en cycle WLTP).
Un design inspiré des supercars, dopé à la technologie
Avec ses 4,999 m de long et son empattement de 3 m, le YU7 adopte des proportions proches d’un Ferrari Purosangue (5,05 m), tout en intégrant des éléments stylistiques empruntés au McLaren 750S (face avant) et à Aston Martin (arrière). À l’intérieur, le cockpit repose sur un SoC Snapdragon 8 Gen 3, permettant des mises à jour OTA en 15 minutes et un affichage tête haute AR-HUD développé avec Huawei.
Sécurité et conduite autonome : le lidar en série
Tous les modèles intègrent de série un lidar à 128 faisceaux, associé au système de conduite assistée Pilot Ultra (niveau 2+). La structure comprend aussi une zone d’absorption d’impact frontal de 659 mm, tandis que la version Max bénéficie d’étriers BREMBO à quatre pistons et de ressorts pneumatiques à double chambre.

Un rapport qualité-prix disruptif, mais des questions sur la durabilité
Avec un prix de départ estimé entre 32 000 € et 34 000 € en Chine, le YU7 sous-cote volontairement les modèles européens équivalents. En Europe, son tarif pourrait cependant grimper à 38 000–40 000 € après taxes, tout en restant compétitif face à une Model Y (46 990 €) ou une Volvo EX30 (à partir de 36 990 €). Cette stratégie s’inscrit dans la lignée des constructeurs chinois, qui misent sur un écart de 20 à 30 % sur les prix pour pénétrer les marchés occidentaux.
Face à Tesla et NIO : un avantage technologique ou un pari risqué ?
Le YU7 surpasse la Model Y sur plusieurs points clés :
- Autonomie : 835 km (CLTC) vs 565 km (WLTP).
- Empattement : 3 000 mm vs 2 890 mm, offrant plus d’espace intérieur.
- Équipements de série : lidar, AR-HUD, et suspensions pneumatiques sur la version Max.
« Xiaomi doit prouver qu’il peut assurer un service après-vente et des mises à jour logicielles sur le long terme, là où Tesla a déjà 10 ans d’avance. »
Analyste automobile chez BloombergNEF, septembre 2025.
La sobriété énergétique en question
Si l’autonomie CLTC de 835 km impressionne, ce cycle de mesure chinois est 10 à 15 % plus optimiste que le WLTP européen. En conditions réelles, l’autonomie du YU7 pourrait ainsi avoisiner 700–750 km, soit un niveau comparable à une Hyundai Ioniq 5 (77,4 kWh). Par ailleurs, la production des batteries NCM (version Max) reste énergivore, avec une empreinte carbone estimée à 7–10 tonnes de CO₂ par batterie, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Le défi de l’adaptabilité aux infrastructures européennes
L’architecture 800V du YU7 exige des bornes de recharge compatibles, encore rares en Europe (moins de 5 % du parc en 2025). Xiaomi devra soit s’appuyer sur des partenariats avec des opérateurs comme Ionity ou Fastned, soit investir dans son propre réseau — une option coûteuse, comme l’a appris Tesla avec ses Superchargeurs.

L’Europe, terrain d’épreuve pour la croissance de Xiaomi Auto
Avec plus de 2 milliards de livres sterling de revenus au dernier trimestre et un objectif de rentabilité d’ici fin 2025, la division automobile de Xiaomi affiche une santé financière enviable. Mais son succès en Europe dépendra de sa capacité à :
- Négocier les taxes à l’importation via des accords locaux ou une production partielle en UE.
- Garantir un service après-vente réactif, critique pour les acheteurs premium.
- Convaincre sur la durabilité des batteries et des composants, un critère clé pour les consommateurs européens.
Un modèle économique basé sur la technologie et le volume
Xiaomi mise sur une stratégie de volume pour amortir ses coûts R&D. Avec 3 milliards de livres sterling investis dans son pôle auto, le constructeur vise une production annuelle de 500 000 véhicules d’ici 2027 — dont une part significative pour l’export. Pour y parvenir, il devra cependant surmonter les délais de livraison actuels (jusqu’à 12 mois en Chine) et sécuriser des approvisionnements en matières premières, comme le lithium et le cobalt.
L’impact potentiel sur le marché européen des SUV électriques
En 2025, les SUV représentent 45 % des ventes de véhicules électriques en Europe, selon l’Association européenne des constructeurs automobiles (ACEA). L’arrivée du YU7 pourrait :
- Faire baisser les prix moyens du segment, comme l’a fait BYD avec son Atto 3 (à partir de 38 000 €).
- Accélérer l’adoption des architectures 800V, poussant Volkswagen ou BMW à généraliser cette technologie.
- Renforcer la pression sur les constructeurs européens, déjà confrontés à la concurrence de Tesla et des marques chinoises comme MG ou Zeekr.
« Si Xiaomi parvient à concilier prix bas, autonomie élevée et service client premium, il deviendra un acteur incontournable. Sinon, il rejoindra la liste des échecs chinois en Europe. »
Expert en mobilité électrique, Transport & Environment, octobre 2025.










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