L’UE ne fera aucune concession sur ses ambitions climatiques face à l’industrie automobile

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Le futur commissaire européen aux transports, Apostolos Tzitzikostas, a clairement affiché son soutien à la mobilité électrique et son intention de maintenir les objectifs climatiques de l’UE, notamment l’interdiction des nouvelles immatriculations de voitures thermiques à partir de 2035. Lors d’une longue audition devant la commission des Transports du Parlement européen, le politicien grec a réitéré sa volonté de ne pas reculer face aux pressions de l’industrie automobile, pourtant en pleine tourmente.

Pas de compromis sur les objectifs de réduction de CO2

Tzitzikostas a rappelé que l’UE doit respecter les règles et les objectifs fixés pour garantir un message de stabilité et de confiance. “Nous savons très bien que la technologie progresse,” a-t-il déclaré, soulignant l’importance de ne pas compromettre les ambitions écologiques de l’Union. En effet, le secteur automobile européen, qui emploie 14 millions de personnes, est confronté à une crise sans précédent, avec une baisse des profits, des fermetures d’usines, et une concurrence accrue de la Chine.

Face à cette situation, Tzitzikostas a assuré qu’il présentera un plan de soutien à l’industrie automobile dès le début de son mandat, même si les détails demeurent flous. Ce plan pourrait inclure des mesures pour limiter l’importation de véhicules chinois et des subventions pour encourager les ventes de voitures électriques.

Encourager les flottes d’entreprises 100 % électriques

Un élément de son approche pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de CO2 pourrait passer par le soutien aux flottes de véhicules d’entreprise tout électriques. Ces flottes représentent la moitié des nouvelles immatriculations dans l’UE et pourraient, par la suite, alimenter le marché de l’occasion en véhicules électriques. Tzitzikostas n’a pas précisé s’il s’agirait d’incitations financières ou de mesures fiscales, mais il n’exclut pas des actions législatives pour soutenir cette initiative.

Les carburants synthétiques comme compromis pour 2035

L’interdiction de l’immatriculation des véhicules émettant du CO2, prévue pour 2035 dans le cadre du « Green Deal » de la présidente Ursula von der Leyen, inclut une possible exception pour les moteurs à combustion fonctionnant aux e-carburants. Tzitzikostas soutient cette dérogation et souhaite intégrer ces carburants synthétiques dans la législation qui sera révisée en 2026.

Des investissements dans le transport durable et la mobilité verte

Outre le soutien à la mobilité électrique, Tzitzikostas envisage des initiatives pour encourager le transport durable dans son ensemble, comme le développement de carburants propres pour l’aviation et les transports maritimes, ainsi qu’une simplification de l’accès au transport ferroviaire transfrontalier grâce à un système unique de billetterie pour les voyageurs. Tout en mettant l’accent sur ces nouvelles formes de mobilité, il a aussi assuré qu’il ne perdra pas de vue l’évolution du transport routier et l’accompagnement des constructeurs européens dans leur transition vers le véhicule électrique.

Engagement affiché, mais peu de détails concrets

La position de Tzitzikostas a suscité des réactions mitigées. William Todts, directeur exécutif de l’organisation Transport & Environnement (T&E), a salué son engagement pour la mobilité électrique, mais a exprimé des réserves quant à l’absence de précisions sur la mise en œuvre concrète de ces ambitions. Sa réticence à s’engager sur une législation spécifique pour électrifier les flottes de voitures d’entreprise reste incompréhensible, selon Todts.

Malgré ces critiques, Tzitzikostas a reçu les applaudissements des eurodéputés à la fin de son audition et a été rapidement confirmé pour prendre les rênes de la transition écologique dans les transports en Europe. Les défis qui l’attendent sont nombreux, mais il affirme être prêt à relever le défi pour mener à bien les objectifs climatiques de l’UE.